Genèse 1 v 27 : Dieu créa l’homme à son image. Il les créa à l’image de Dieu, homme et femme (mâle et femelle), il les créa.

Deutéronome 30 v 19 et 20 : J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie afin que tu vives, toi et ta descendance, pour aimer l’éternel ton Dieu, pour obéir à sa voix et pour t’attacher à lui. C’est lui qui est ta vie et prolongeras tes jours pour que tu habites le territoire que l’éternel à Jurer de donner à tes pères Abraham, Jacob et Isaak


Jean 24 v 20 à 31 : « Thomas, appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc: Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit: Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point. Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d'eux, et dit: La paix soit avec vous! Puis il dit à Thomas: Avance ici ton doigt, et regarde mes mains; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois pas incrédule, mais crois. Thomas lui répondit: Mon Seigneur et mon Dieu! Jésus lui dit: Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru!


Frères et sœurs en Christ,

1 Introduction thématique : la liberté intérieure

J’ai découvert l’été dernier un philosophe français chrétien que je ne connaissais pas Louis Lavelle. Certains ouvrages de ce philosophe  ont éveillé mon esprit et notamment sur cette thématique qui lui est propre : la liberté intérieure. Cette expression a une saveur spirituelle que j’aimerais partager avec vous. Cette thématique de la liberté intérieure va donc être notre angle d’attaque pour commenter ces trois textes bibliques que nous avons entendu. Ce qui a guidé aussi notre choix ce matin c’est, à la fois toute cette série de prédications sur le trois premiers chapitres de la Genèse que nous avons inauguré en septembre et que nous terminons aujourd’hui mais aussi l’actualité politique, l’élection présidentielle ; et enfin, le fait que ce matin : c’est un dimanche K.T. Il nous semble intéressant d’aborder cette question de la liberté intérieure qui parlent à nos jeunes qui aiment à nous rappeler, à nous parents, qu’ils ont le droit de faire ceci ou cela parce qu’ils sont libres. Et nous, nous leurs disons, qu’ils ont bien entendu le droit de faire ceci ou cela mais qu’ils ont aussi des devoirs envers leurs parents et la société…


2 Dieu nous a créé libre !

Le premier texte que nous avons écouté nous rappelle que nous avons été créées à l’image de Dieu, mâle et femelle, littéralement parlant. Nous avons été créées libres comme Dieu…

Ce texte introduit, à nos yeux, l’incroyable liberté que Dieu offre à l’humanité. Une liberté de choisir, de décider et d’entreprendre une liberté aux possibilités sans fin. Mais cette liberté se construit aussi dans le face à face avec Dieu et cela nous ne devrons pas l’oublier durant toute cette prédication. En effet, les trois premiers chapitres du récit de la Genèse décrivent une humanité qui nomme librement les animaux de la création, qui devient poète devant la beauté d’une femme, et qui décide aussi, librement, de manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal alors que Dieu avait posé un interdit sur la consommation de ce fruit. Dans ces trois exemples l’être humain choisit, décide et agit à deux reprises dans le compagnonnage de Dieu mais dans le troisième exemple, pour le fruit défendu, Dieu est absent. Mais à chaque fois l’homme est libre de choisir, de décider et d’agir et c’est cela qu’il est important de garder à l’esprit.


3 Une liberté intérieure au service de la vie ?

Ce texte nous révèle donc une profonde liberté intérieure et peut être même une liberté qui peut parfois nous effrayer. Elle peut nous effrayer par ce que cette liberté intérieure peut se déployer librement vers l’obéissance ou vers la désobéissance comme dans le jardin d’Eden mais aussi vers le bien ou vers le mal. L’histoire de notre humanité est jalonnée d’actes de cet ordre. Cette liberté intérieure peut donc être au service de la vie comme de la mort. Actuellement, se déroule en Norvège le procès d’un homme qui ne regrette pas le mal commis auprès de jeunes qu’il a tués froidement. Il donne même des arguments rationnels pour expliquer son acte. On le traite de fou, d’homme sans conscience, de sans cœur, d’homme endoctriné. Cet homme nous plonge dans l’horreur, dans l’incompréhension la plus totale. Ce drame en Norvège nous décrit un être humain qui a fait le choix délibéré de tuer des êtres humains parce à ses yeux la fin justifie les moyens.

Mais à bien y réfléchir et si nous regardons comment notre société est construite. Que constatons nous : Nous avons des lois pour un bien vivre ensemble, nous avons une police pour nous protéger et emprisonner ceux qui commettent des délits, nous avons une armée et surtout la bombe atomique pour dissuader toute nation d’une attaque extérieure contre notre pays ; nous avons des hommes et des femmes politiques et des médias qui orientent notre vivre ensemble dans une certaine direction et qui nous proposent des solutions pour sortir de la crise ou accompagner celle-ci. Si nous avons un tel cadre qui s’impose à nous et qui est là pour nous aider à vivre ensemble, c’est que notre humanité est consciente qu’elle peut aller dans une direction néfaste voir vers une autodestruction. Le cadre moral, légal qu’une société propose, qui reprend en grande partie les dix commandements que Dieu donna à Moïse, est là pour faire grandir notre humanité, pour lui faire prendre conscience que la vie est un magnifique cadeau et qu’en tant qu’être humain notre première responsabilité est de ne pas gâcher ce magnifique cadeau, le notre et celui de notre prochain. Mais ce cadre légal, moral que nous transmettent nos parents, l’école publique, les partis politiques, les syndicats, les médias, les églises n’ont pas pour finalité de nous étouffer, de nous broyer mais bien d’orienter notre liberté intérieure vers une direction pour un mieux vivre ensemble. Mais peut être, pour être plus précis, devrions-nous dire vers des directions car tout le monde ne va pas nécessairement dans le même sens, et l’élection présidentielle que nous sommes entrain de vivre nous fait prendre conscience pleinement de cela. Il n’en demeure pas moins que notre liberté intérieure est toujours pleine et entière puisque nous avons été créés à l’image de Dieu. Et cette liberté intérieure ne demande qu’à se déployer pour le bonheur de tous…Par ailleurs si nous portons un rapide coup d’œil sur la créativité de notre humanité quelle soit architecturale, musicale, artistique, cinématographique mais aussi technologique nous sommes « scotchés », comme disaient les jeunes de mon temps, devant tant de trouvailles, de chefs d’œuvres. Et cela nous montre bien que cette liberté intérieure lorsqu’elle se déploie d’une manière artistique, politique, économique, technologique, philosophique, spirituelle peut offrir de magnifiques surprises à notre humanité mais aussi de regrettables ratés…Ce que nous enseigne donc en tout premier lieu cette notion de liberté intérieure : c’est qu’elle peut être soit au service de ce qui fait grandir un individu, une société, soit au service d’intérêts strictement personnels, au service d’un groupe influant pour un surplus de gain de pouvoir ou d’argent seulement.


4 Une liberté intérieure sous influence ?

Ce que nous révèle en second lieu le récit de Genèse 3, c’est que cette liberté intérieure peut être influencée par nos propres désirs, par le désir de ceux que nous côtoyons, par l’adversaire comme le serpent et par Dieu lui-même comme le laisse sous entendre le livre du Deutéronome…Mais ces réalités intérieures et extérieures, pour importantes et capitales quelles soient, ne sont que des influences et nous ne sommes pas obligés de les suivre. Et c’est cela qu’il me semble important d’entendre ce matin.

Et ainsi nous en arrivons naturellement à notre deuxième texte biblique celui du Deutéronome. Dans ce récit nous découvrons un Dieu qui se met à côté de nous et place devant nos yeux la vie et la mort qui, détail important, nous encourage à choisir la vie : j’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie afin que tu vives, toi et ta descendance, pour aimer l’éternel ton Dieu, pour obéir à sa voix et pour t’attacher à lui. C’est lui qui est ta vie et prolongeras tes jours pour que tu habites le territoire que l’éternel à Jurer de donner à tes pères Abraham, Jacob et Isaac.

Le texte est très clair. Dieu se propose d’être le bon conseiller pour notre humanité. Dieu désire être un réel partenaire pour chacun de nous. Et il nous semble que cette piste est la plus intéressante parce qu’elle respecte notre liberté intérieure, elle ne s’immisce pas en nous. Mais elle nous encourage à suivre un chemin…A l’image du Christ d’ailleurs qui dit être : le chemin, la vérité et la vie. Le Christ nous dit seulement de croire en Sa parole, d’en vivre, de la suivre, si on le veut bien…Notre liberté intérieure pour cheminer durant toute notre existence à donc besoin d’une lumière pour discerner les enjeux de notre siècle, les choix importants que nous devons faire, la vocation et le service que Dieu attend et espère de chacun de nous… Nous avons besoin d’une telle lumière mais nous gardons toujours notre liberté intérieure pour choisir, décider agir….

5 Actualisons ce passage biblique du Deutéronome

En relisant ce passage du Deutéronome nous pouvons y discerner une certaine actualité politique. En effet, Je me suis amusé à remplacer le mot Dieu par les noms de nos deux finalistes à l’élection présidentielle et à modifier d’autres éléments du texte et cela donne : « J’en prends à témoin contre vous les médias et l’histoire : j’ai mis devant toi mon programme et le programme de mon concurrent. Choisi mon programme afin que tu vives toi et ta descendance, pour aimer ton pays la France et la République, pour suivre ses valeurs et les propager. Car mon programme allongera ta vie et redressera la France ! »

Si j’ai pris cette liberté de transformer le texte biblique, c’est aussi pour rappeler que parfois certaines postures politiques, aussi justes et belles soient-elles, que les candidats choisissent, que les médias amplifient et que les meetings célèbrent sont des postures qui, petit à petit, s’apparentent plus à la construction d’une idole moderne qu’à autre chose. Mais, je me doute qu’ici nous sommes suffisamment vigilants pour ne pas tomber dans ce genre de piège grossier…


Conclusion : Thomas l’homme libre !

Pour conclure et ne pas trop allonger cette prédication, nous vous avons proposé comme troisième texte biblique la rencontre entre Thomas dit didyme (le jumeau) et Jésus Ressuscité.

Thomas manifeste à deux reprises une incroyable liberté intérieure à l’égard de ses compagnons de route et de Dieu lui même. En effet, en contestant la révélation qu’ont vécue les disciples dans un premier temps et en osant dans un second temps clamer sa foi face au Christ ressuscité, Thomas nous apparait comme un homme ayant une belle liberté intérieure. Réécoutons le texte : « Thomas, appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc: Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit: Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point. Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d'eux, et dit: La paix soit avec vous! Puis il dit à Thomas: Avance ici ton doigt, et regarde mes mains; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois pas incrédule, mais crois. Thomas lui répondit: Mon Seigneur et mon Dieu! Jésus lui dit: Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru! »

Ce qui aujourd’hui attire notre attention en écoutant ce texte, c’est cette magnifique liberté intérieure de Thomas. Thomas le jumeau ne veut pas se contenter du témoignage, aussi vrai soit-il, de ses compagnons de route. Thomas veut se faire une idée par lui-même. Il veut expérimenter une rencontre. Il estime que sa liberté intérieure doit par elle-même se faire une idée des dires de ses compagnons de route. C’est cette exigence là qui donne à ce récit toute sa profondeur. Dieu nous a donc fait un beau cadeau en nous créant à son image, en nous offrant cette belle liberté intérieure qu’il nous appartient de cultiver avec l’aide de sa Parole.

Amen.

Jean-Pierre Julian

6 mai 2012