Cette après-midi, lors de ma longue balade pour rentrer chez moi, quand mes soucis ont soudain voulu m'attaquer et ne semblaient pas vouloir disparaître, je me suis dit tout d'un coup:

21juillet42Si tu prétends croire en Dieu, tu dois aussi être cohérent, tu dois te donner entièrement et avoir confiance. Alors tu n'as pas le droit de te soucier du lendemain. Et lorsque je marchais brièvement avec lui sur les quais, et je te remercie mon Dieu, que ceci soit encore possible, et même si ce n'était possible que pour cinq minutes par jour, cela voudrait encore la peine que je travaille dur pour cela tous les jours quand il dit: O die Sorge, die man alle hat (traduction: ah, tous les soucis qu'on a). Alors je lui ai aussi dit: nous devons être cohérent, une fois que nous avons cette confiance, nous devons l'avoir totalement.

Je me sens comme la gardienne d'un morceau de vie si précisieuse, avec toute la responsabilité qui va avec. Je me sens responsable du beau et grand sentiment pour cette vie que  j'ai en moi, et je dois le garder intact à travers ce temps pour l'amener vers des temps meilleurs. C'est la seule chose qui importe. J'en suis totalement consciente.

Etty Hillesum, le 21 juillet 1942; extrait de Het verstoorde leven (en français Une vie bouleversée); traduction en français: AA.
Image parue dans l'article Hillesum wekte bewondering bij de groten der aarde (Hillesum était admirée par les grands de la terre) par Marije van Beek dans le quotidien  Trouw le 15 janvier 2014