paques 350x350Cheminer vers Pâques, c’est assumer et vivre pleinement le paradoxe ultime de notre foi : ce qui nous fait appeler Bonne Nouvelle un messie mort sur la croix, tel un criminel ; ce qui nous fait affirmer que Dieu se révèle à nous, non dans la gloire de sa majesté, mais dans l’ignominie de la croix, la faiblesse d’un homme condamné, rejeté et abandonné de tous. Par la croix, Dieu vient à notre rencontre, il s’abaisse vers notre fragile humanité pour nouer une relation avec chacun de nous.
Pâques marque ce que nous, chrétiens, prêchons, ce que Paul clame dans sa correspondance corinthienne : un Dieu impuissant, fragile, faible. Alors que les juifs réclament des signes de la puissance divine et que les grecs cherchent une connaissance raisonnable sur Dieu, nous, nous prêchons le scandale de la croix (1 Cor, 18 – 25), ce scandale qui fait tomber toute prétention de la raison, qui prend à contre-pied toutes les attentes humaines. Pâques, c’est alors le moment de nous interroger sur nos prétentions à connaître Dieu et sur les représentations dans lesquelles nous tentons de l’enfermer. Car il en est absent, puisqu’il se révèle là même où on s’y attend le moins, dans la souffrance d’un homme sur une croix. C’est finalement ça la foi, croire Dieu présent là même où on ne l’imaginerait pas, là où tout indique son absence.

Loin de moi l’idée d’ôter à la résurrection son sens et sa force, mais il me semble qu’avant même cette résurrection, l’espérance est déjà présente. L’évangile selon Marc en est le parfait exemple. Sur la croix, Jésus est seul. Tout est fini. Et pourtant, l’espérance est déjà là, dans ce cri de foi « Cet homme était vraiment fils de Dieu » (Mc 16, 39). Le centurion romain est, de fait, le premier à reconnaître Dieu là où il n’y a rien à reconnaître, par la force de l’Esprit. C’est cela la foi chrétienne, le don que Dieu nous fait de le reconnaître là où tout témoigne de son absence si l’on regarde avec des yeux d’homme. Le tombeau est vide, mais nous ne sommes pas pour autant orphelins… Dieu est déjà là, dans ce vide, dans cette absence et c’est cela la foi de Pâques.

Karine Michel (mars 2020)