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En recevant le prix Nobel de la paix en 1964, Martin Luther King nous met face à une contradiction fondamentale : comment recevoir ce prix alors même que le mouvement pour les droits civique mène un combat douloureux et encore inachevé ? Comment le mouvement pourrait-il accepter cette reconnaissance alors même qu’il n’a pas encore obtenu la paix qui constitue pourtant sa raison d’être ? Martin Luther King l’accepte pourtant, avec espérance. Une espérance qui s’inscrit dans une action non violente et qui cependant refuse toute forme de résignation. « Je refuse d’admettre que l’humanité soit si tragiquement vouée à la nuit privée d’étoiles du racisme et de la guerre, que l’aube brillante de la paix et de la fraternité ne puisse jamais poindre. […] Je crois que, même au milieu des fracas des mortiers et du sifflement des balles, il y a une place pour l’espoir de lendemains plus lumineux », nous dit-il.

Au moment où nous nous préparons à fêter la bonne nouvelle de la résurrection, prenons le temps d’observer autour de nous tous les paradoxes de notre monde, tous les inachevés et toutes les reconnaissances longuement espérées, toutes les inégalités et toutes les volontés qui s’activent à les réduire, toutes les solitudes et toutes les fraternités inattendues. Prenons le temps de nous rendre attentif à tous ces « cependant », tous ces « malgré tout » qui jalonnent notre quotidien et font jaillir des étincelles de lumière au plus profond de nos obscurités. Malgré toutes les épreuves qui nous ont éprouvées, particulièrement durant cette dernière année, arrêtons-nous pour observer toutes les résurrections qui surviennent partout où la vie s’immisce, partout où la justice refuse le mépris, partout où l’on crée de nouvelles formes de solidarité face à la solitude et au deuil. Cette dernière année nous a fait abandonner, presque de force, toutes les certitudes derrières lesquelles nous nous réfugions. Et comme les disciples, nous nous trouvons face à l’inexplicable, celui du pire et du meilleur. Un inexplicable où la vie trouve toujours son chemin, malgré tout, et nous invite à refuser la résignation pour accueillir pleinement ces incertitudes.

Alors, sur ce chemin vers Pâques, alors que nous relierons ces textes de la passion, mainte fois entendus, laissons-nous à nouveau surprendre par tous les cependant libérateurs que nous offre chaque jour la Parole de Dieu.

Mélanie Chevron (mars 2021)