Jean 3 v 16 : Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils Unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle.

Romains 1 v 1 à 4 : …Cette bonne nouvelle, Dieu l’avait promis auparavant par ses prophètes dans les saintes écritures, il concerne son Fils, né de la descendance de David selon la chair et déclaré Fils de Dieu avec puissance selon l’esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts : Jésus-Christ notre Seigneur.

 

Clarifions cette notion de Fils

Frères et sœurs en Christ,

Avant d’approfondir toute la profondeur spirituelle que recèle cette parole que vous venez d’entendre, il me semble opportun de clarifier quelque peu cette notion de Fils donc de Père et d’Esprit Saint pour éviter les contre sens.

Parfois les enfants demandent à leurs parents: Papa, maman c’est qui la femme de Dieu et c’est qui le papa de Dieu ? Nous les regardons avec un beau sourire et nous leurs répondons parfois : tu poseras la question au pasteur lorsque tu le rencontreras…On verra comment il se débrouille avec cette question…

Il y a donc de grands malentendus entre Dieu et les hommes dans notre monde contemporains et pas seulement avec nos enfants. En effet, certains adultes ont tendance à comparer Dieu à un despote injuste qui sacrifie son Fils unique pour la bonne cause ; d’autres voient Dieu comme une puissance qui vit tranquillement dans son ciel, loin de nos soucis et de nos difficultés ; d’autres enfin, et ils sont peut être plus nombreux, comparent notre Dieu à une béquille utile pour les croyants que nous sommes, incapables de vivre sans une divinité quelconque. Ces trois comparaisons sont bien entendus erronées, fausses. Mais lorsqu’une personne entend pour la première fois cette parole de l’Evangile selon Jean : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse point mais ait la vie éternelle. » avouons qu’elle peut légitimement penser : « quel est donc ce père qui permet que son Fils subisse la croix, la souffrance, la mort, certes suivies de la résurrection mais tout de même quel sadisme? Quel est donc ce papa qui n’intervient pas pour délivrer son fils unique de l’horreur de la croix ? » En posant la question ainsi nous faisons bien entendu un contresens théologique majeur. Nous sommes prisonniers ici de nos schémas parentaux. Toutefois reconnaissons que lorsque nous entendons dans le nouveau testament cette notion du Fils unique de Dieu cela résonne bizarrement dans nos têtes … En effet, en bon cartésiens que nous sommes, nous essayons de comprendre comment tout cela peut s’articuler. Nous imaginons non plus un seul Dieu mais deux Dieux : le Père et le Fils, voir trois Dieux : si l’on ajoute le Saint Esprit….D’une soit disant religion monothéiste nous serions devenus une religion polythéiste…Parfois, il est vrai, nous entretenons ce flou artistique par ce que nous n’osons pas affronter la question de front.

Je vous rappelle ce que disait, il y a fort longtemps, Irénée de Lyon, un père de l’Église. Il a trouvé une formule éclairante et, qui a l’avantage d’être facile à retenir. Cette formule a le mérite de tordre le cou à la tentation polythéiste. Irénée de Lyon disait : « Le Père décide et commande, le Fils exécute et modèle (tel un sculpteur), l’Esprit Saint nourrit et fait croître. Un seul Dieu qui agit de trois manières différentes. » Cette formule d’Irénée de Lyon s’appuie, vous l’avez remarqué, sur notre manière toute humaine de vivre : nous pensons, nous parlons et nous agissons et c’est toujours la même personne qui parle agit et pense… Bien sur, le mystère de Dieu demeure mais cette révélation sur l’agir de Dieu nous permet de découvrir que tout vient de Lui (c’est la notion de Père). Que tout se réalise par Lui, (c’est la notion de Fils) et que tout prend sens et vie en Lui (c’est la notion d’Esprit Saint). Dit encore autrement, notre Dieu est un être de relation. Le fait que nous le qualifions de Père sous entend que nous sommes ses enfants. Le fait que nous le qualifions de Fils sous entend que nous nous sommes au service de la vie, de la bonne nouvelle, de l’amour. Le fait que nous le qualifions d’Esprit Saint sous entend que nos vies sont appelées à être le reflet de sa réelle présence sur terre. Maintenant que nous avons tenté de clarifié cette notion de Fils, il est temps de réfléchir sur l’importance de cette fête de Pâques pour les chrétiens.

 

Le Dieu interventionniste…

Dans la pensée biblique il y a une autre donnée essentielle qu’il ne faut jamais perdre de vue. Le Dieu qui est décrit dans la Bible est un Dieu qui intervient dans l’histoire de l’humanité. Le droit d’ingérence n’est donc pas une nouveauté, c’est une vieille histoire biblique…mais ce droit d’ingérence se réalise à chaque fois dans le cadre d’une alliance, d’un contrat que Dieu établit entre Lui et l’humanité. Et si Dieu intervient dans l’histoire de notre humanité pour contracter des alliances avec nous, ce n’est pas pour nous détruire, c’est plutôt pour nous offrir un chemin de vie atypique, certes, mais ô combien riche en rencontres. Et Pâques annonce une nouvelle alliance entre Dieu et l’humanité.

Il y a donc un enjeu vital pour notre Dieu et, la crucifixion, la mort et la résurrection du Sauveur traduisent cet enjeu vital : L’homme va-t-il définitivement ne plus vivre dans le face à face avec Dieu ? L’être humain va-t-il continuer à se penser comme étant seul au monde ? Ou bien l’être humain va-t-il, grâce à Jésus-Christ, saisir l’occasion de penser et vivre sa vie dans un réel partenariat avec Dieu. Voilà l’enjeu ! Pour que cet enjeu puisse devenir effectif, réel, concret, notre Dieu a décidé d’accomplir un nouvel acte créateur et le récit de la passion traduit ce nouvel acte créateur de notre Dieu.

Cet acte créateur pour qu’il soit viable pour notre humanité doit être assumé à la fois par un homme et par Dieu lui-même. Par un homme parce que notre humanité doit vivre cet acte créateur de Dieu dans sa chair, par Dieu lui-même parce qu’il est Dieu et qu’il doit authentifier cette nouvelle réalité. L’Apôtre Paul écrit en introduction de sa lettre aux Romains : Cette bonne nouvelle, Dieu l’avait promis auparavant par ses prophètes dans les saintes écritures, elle concerne son Fils, né de la descendance de David selon la chair et déclaré Fils de Dieu avec puissance selon l’esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts : Jésus-Christ notre Seigneur.

La Pâques chrétienne décrit donc cet acte créateur de Dieu, elle le décrit à travers les récits de la passion, à travers un homme comme vous et moi : Jésus Christ qui est aussi notre Seigneur.

Ainsi, Dieu fait le nécessaire, nous dit l’Évangéliste Jean, pour que l’être humain ait une réelle espérance en ce Monde. Mais ce nécessaire n’est pas une petite chose, c’est une véritable folie puisque ce nouvel acte créateur de Dieu est assumé à la fois par un homme et par Dieu lui-même et cela sur le mont Golgotha. Cette folie, souvent incomprise parmi nos contemporains, trouve en ce verset 16 de l’Évangile selon Jean un juste éclairage. « Dieu a tellement aimé le monde (ce qui importe ici c’est d’être conscient de cet amour de Dieu sans faille pour chacun de nous) qu’il a donné son fils unique (c’est le nouvel acte créateur de Dieu) pour que tout homme qui croit en Lui ne périsse point mais ait la vie éternelle ». (Le projet de Dieu c’est que l’humanité soit sauvée et vive éternellement en Lui, par Lui et avec Lui).

Maintenant que nous venons de préciser cet acte créateur de Dieu dans cette nouvelle alliance que Pâques proclame…Il nous semble opportun de clarifier enfin cette expression du fil unique. Nous allons pour cela nous attarder sur l’adjectif unique.

 

Clarifions maintenant cette notion d’unique 

Nous sommes tous des êtres uniques…Il n’y pas deux personnes comme nous.

Et chacun d’entre nous, nous pouvons être fiers, d’être un être unique et nous avons raison d’être fier de cela. Nous devons être fier de notre unicité et enthousiaste, par la même occasion, car nous reconnaissons qu’il y a autour de nous une multitude d’êtres uniques que Dieu nous permet de croiser, de rencontrer, d’aimer…Nous sommes des êtres uniques et nous sommes des milliards d’êtres uniques sur cette terre…Et plus nous avançons dans la foi, plus nous prenons conscience que chaque vie humaine est d’une incroyable richesse parce que chaque vie est appelée à déployer, sur cette terre, sa vocation unique pour les autres…Et plus nous avançons dans la foi, plus nous sommes tristes aussi de voir le gâchis de certaines vies qui restent empêtrées à cause de chaines invisibles qui les empêchent de trouver déjà ici bas leur chemin de vie, même si le Christ sur la croix est venu briser toutes ces chaines invisibles. Donc la foi en Jésus nous enseigne à être un unique parmi les uniques dans nos familles, au travail, en société, en église, et à nous réjouir de voir chaque individu comme étant un véritable être unique.

La foi en Jésus Christ nous apprend aussi à ne plus chercher à être l’Unique parmi les uniques, celui ou celle qui sort du lot, comme si notre véritable unicité d’être humain, ne nous suffisait pas. En effet, nous savons tous qu’un des fléaux de notre humanité réside dans ce désir de vouloir surpasser les autres, comme si en voulant être au dessus d’eux, plus fort qu’eux, devant eux nous allions retirer un plus de valeur ajoutée à notre être unique, funeste erreur ! … … (Et je ne fais ici aucune allusion aux candidats et candidates à l’élection présidentielle qui sont obligés, pour se différencier des autres, de se positionner comme des uniques à part, c’est le jeu politique et médiatique qui impose cela, personne n’est dupe…quoi que…).

Dieu, pour sa part, a fait le choix de se choisir lui-même, en quelque sorte, en déclarant que Jésus était son Fils bien aimé, son unique. Il s’est complu en lui nous dit le récit biblique lors du baptême de Jésus Christ.

Il y a donc un individu qui a été choisi par Dieu pour être l’Unique des uniques. Le Christ, le messie, le choisi de Dieu…Et si Dieu s’est reconnu pleinement en cet homme c’est pour réaliser par Lui, avec Lui, en Lui un acte de libération et un nouvel acte créateur pour notre humanité. C’est pour cela que nous confessons, comme l’a fait il y peu Leslie, comme le faisait l’Apôtre Paul, Jésus Seigneur ! En disant cela nous voyons en Jésus à la fois la véritable image de l’homme et la véritable image de Dieu.

L’acte que réalise le Fils unique

Depuis la résurrection de Jésus-Christ nous devons comprendre que Dieu a toujours les bras ouverts pour nous accueillir quel que soit notre parcours. Que Dieu a toujours en son cœur une parole de grâce à nous offrir, si on veut bien se tourner vers Lui, recevoir sa grâce et en vivre. Dieu à toujours en réserve une parole qui délivre, qui encourage, qui donne de l’espérance…La seule condition c’est de lui offrir notre croire, notre confiance, notre fidélité, notre vie, notre amour, notre désir, et donc, de l’écouter simplement et de vivre de sa Parole. Et lorsque nous lui offrons ce que nous avons de plus précieux, de plus intime notre vie, notre amour, nous devenons ses témoins dans ce monde que Dieu nous apprend à aimer….malgré tout…

 

Nous sommes les témoins choisis par Dieu pour parler du nouvel acte créateur que Dieu a réalisé en Jésus Christ ! Nous tous qui sommes là ce matin, nous sommes les témoins choisis par Dieu pour proclamer la bonne nouvelle de Jésus Christ. C’est notre vocation ! Et non pas comme certains d’entre vous le pensent ou le pensaient notre mission, ce n’est pas la même chose… Une vocation nous inscrit dans un service à vivre là où nous sommes et dans le temps que nous passons sur cette terre. Une mission nous assigne un objectif, un rôle…Pour notre part, nous nous inscrivons plus dans cette dynamique de la vocation. Sachons donc, les uns et les autres, discerner ensemble notre vocation au sein de nos communautés. Sachons aussi résister à cette tendance individualiste qui nous fait croire que l’on peut très bien vivre sa foi en Jésus sans être rattaché à une communauté. Et inversement un chrétien qui n’est pas relié à une communauté vivante se prive de la richesse humaine et de la diversité spirituelle que peut lui apporter cette communauté, comme il prive la communauté de sa propre richesse spirituelle et de ses dons qu’il garde pour lui comme un trésor personnel. De même, un chrétien qui se couperait du monde au nom de la foi en Jésus et qui ne chercherait à vivre qu’au sein d’une communauté chrétienne vivante, tomberait dans un autre excès…Donc comprenons nous bien, ni l’excès individualiste, ni l’excès communautariste ne sont souhaitables parce que nous avons été choisi par Dieu les uns et autres pour proclamer la bonne nouvelle de Dieu à ce monde que Dieu aime tant.

En effet, c’est par la médiation de notre humanité que Dieu désire être connu. C’est par la médiation de notre humanité qu’il nous annonce sa grâce, son amour. C’est par la médiation de Jésus-Christ que l’essentiel de son être nous est communiqué. C’est par la médiation de notre témoignage qu’il désire être rencontré, aimé. Pour conclure je dirai que notre Dieu et Père ne se séparera jamais de l’humanité, puisqu’il est devenu en Jésus-Christ lui aussi humanité.

Une humanité déjà ressuscitée en Jésus Christ, une humanité en marche vers son Seigneur qui vient. Une humanité debout toujours prête à s’engager dans notre monde pour plus de justice, de respect, de solidarité  et d’amour!

Jean-Pierre Julian