Le rapport moral du président de l'Association Cultuelle de l'Église Protestante Unie de Montpellier & Agglomération, prononcé lors de l'Assemblée Générale du 24 mars  2018 au temple de la Rue Maguelone à Montpelier.

logo epuma blackMars 2017-Mars 2018 : fut-ce une « annus horribilis » ou une « annus mirabilis » ? Une année horrible ou une année admirable ? Aucune de ces deux épithètes ne saurait qualifier, à elle seule, l'ensemble de ces douze mois écoulés , mais il faut reconnaître que nous avons souvent balancé entre ces deux extrêmes.

« Horribilis » parce que Robert MARILL, notre trésorier, général, est mort, nous laissant en profonde tristesse et grand désarroi. À cette disparition majeure est venue s'ajouter une série « d'effacements » : la Pasteure Titia ES-SBANTI a quitté la Margelle ; Claire BOSC a renoncé à la présidence du cimetière, Louis REYNES à celle de la CAF ( pas la Caisse d'Allocations Familiales mais la Commission d'Animation Financière ! ) » ; Nivo RAJAONARIVELO n'a pas vu son contrat avec la radio FM+ renouvelé, ni donc sa mise à disposition du secrétariat de l'Eglise ; Christine GEORGES fut contrainte de se décharger de la gestion financière du cimetière ; Colette FAVRE prendra prochainement sa retraite après treize ans de bons et loyaux services à la Maison de Retraite Protestante et ... la Pasteure Christine MIELKE a annoncé son départ de Jacou pour rejoindre l'équipe nationale à Paris. C'est à l'occasion de ces événements que l'on prend conscience de l'importance du rôle que jouent des personnes dont l'activité avait fini par nous paraître normale, inscrite dans le paysage, acquise à tout jamais. Que notre reconnaissance soit à la hauteur du dévouement dont ces personnes ont fait preuve !

« Annus horribilis » : ce matin même à 8h41, un message m'avertissait que la personne qui avait accepté d'assurer la modérature de notre assemblée générale était dans l'incapacité de le faire à 14h30.

Mais aussi « annus mirabilis », année admirable, miraculeuse.

Dans sa dernière intervention comme président du conseil national, devant le synode de Lille, le pasteur Laurent SCHLUMBERGER déclarait : « l'Église est un miracle ». S'il est un lieu ou cette affirmation s'est vérifiée, c'est bien ici dans l'agglomération montpelliéraine. En effet de l'énumération affligeante que je vous ai infligée une personne sensée aurait pu raisonnablement conclure à la disparition rapide et prochaine de l'EPUMA. Mais le chef de l'Église – et je rappelle que ce n'est pas le président du conseil presbytéral– veillait et il a suscité de nouvelles servantes et serviteurs : Luc PERON a apporté tout son dévouement et toute sa compétence pour reprendre dans des conditions extrêmement difficiles la charge de trésorier général – nous saurons nous en souvenir au moment de la présentation des comptes et du bilan- ; Jean-Marie LEBRUN, président, et Pierre AZEMARD, trésorier, ont assuré la continuité de la gestion du cimetière et brillamment mené à leur terme d'importants travaux ; la Margelle a bénéficié, outre l'activité de son conseil de secteur, des interventions de Martine FOUCHIER, envoyée par L’Église régionale, d'Anne-Marie BORNE et d'Eve LURBE, entre autres ; si le secrétariat n'a pas mis la clé sous la porte et si la feuille d'annonces continue à paraître régulièrement, c'est grâce au travail inlassable de Claire BOSC, assistée de Doris SAUNIER et Pascale SOULA ; en plusieurs lieux un vaillant renfort fut assuré par Ulrike WEBER et Anna KAISER, nos volontaires allemandes, et Agnès Marie RIVE, stagiaire de l'Institut Protestant de Théologie auprès du pasteur Luc Olivier BOSSET. Que la reconnaissance que j'appelais sur les « sortants » s'élargisse à celles et ceux qui ont pris un poste mais aussi à toutes celles et tous ceux qui sont restés fidèles à leur poste et que j'aurais aimé pouvoir nommer.

« Annus mirabilis », année admirable, année des « admirables » : ce matin, Daniel GASQUET, acceptait de remplacer au pied levé notre modérateur pressenti et défaillant !

Cependant, le travail de ces « admirables » serait vain et perdrait tout son sens s'il était au bénéfice d'une Église qui n'accomplirait pas sa mission d'annoncer l'Évangile au monde et c'est bien ce que l'EPUMA a continué de faire, au mieux, cette année, comme en témoigne le rapport d'activité.

À ce propos je voudrais revenir – rassurez-vous, brièvement-sur le texte d'orientation que nous avons adopté l'an dernier et qu'il convient donc de mettre en pratique. Revenir plus précisément sur un terme qui a pu susciter une certaine curiosité, peut-être parfois un peu ironique ; nous avons décidé que notre communauté serait « poreuse ». Interrogeons cette porosité dont la subtilité m'avait, je l'avoue, quelque peu échappé. Le terme désigne une communication entre un intérieur et un extérieur ; il faut donc qu'existe un intérieur de l'Église qui ne doit pas se dissoudre dans la société et qu'il nous appartient de préserver et d'entretenir, sans craindre de nous exposer, de la part de certains, au reproche de nous préoccuper de l'institution – horrible !- ou de cultiver un entre-soi –coupable !- . Cet intérieur de l'Église, nécessaire à l'existence de la porosité, voilà ce que contribuent à faire vivre les « admirables » évoqués précédemment.

La porosité est également une forme de la communication, à double circulation, qui repose non pas sur des ouvertures béantes, des conduites à large diamètre, mais sur de fins canaux, des petits trous, des pores.

Pour le passage de l'intérieur vers extérieur, pas de problème ! Nos églises luthéro-réformées ont toujours été fidèles à ce côté discret ; on peut même penser que les pores sont parfois trop étroits ! Encore que, historiquement, force est de constater que les valeurs protestantes ont assez bien « transpiré » dans la société. Nous arrivons au passage de l'extérieur vers l'intérieur : porosité signifie alors que le monde et ses turbulences ne se déversent pas tels quels dans l’Église, au risque de la submerger, mais que les pores filtrent et laissent passer les vraies questions et les authentique préoccupations, sans se soucier de l'écume des événements, des modes et des discours dominants. Au cours de l'année passée, l'EPUMA est-elle parvenue, au moins un peu, à cette porosité ? Je veux le croire, mais comment juger de l'efficacité de nos pores ? La porosité de l'EPUMA ; mais qu'est ce que l'EPUMA, sinon vous, sinon nous, nous les pierres vives de l'Eglise ? Or la porosité, bien plus qu'entre les pierres se trouve au coeur des pierres.
Soyons donc « poreux » et ... joyeux de l'être !

Christian Seiler (Mars 2018)