solidarity basketQuand on pense santé, on pense souvent santé d’un corps individuel que ce soit la santé physique, psychique ou spirituelle. Mais il y a aussi la santé d’un corps collectif, d’un corps social qui peut être parfois un grand corps malade. La pandémie du coronavirus a révélé d’autres maladies déjà là. Une maladie étant dérèglèment d’un écosystème, pour un corps social les symptômes qu’on appelle « crises , sont conséquents à des formes d’économies abusant des humains, des non-humains et des milieux naturels.

Aujourd’hui la crise alimentaire est l’un des symptômes de ces dérèglements. À Naples ceux qui ont encore à manger suspendent des paniers pour secourir celui ou celle qui passe sous leurs fenêtres et qui a faim.

Ces paniers suspendus aux façades napolitaines m’ont fait penser à l’histoire du prophète Elie. La Bible raconte que, sur son dur chemin de prophète, Elie a reçu des secours nourriciers d’humains ou non-humains mais tous messagers de Dieu. Réfugié au bord d’un torrent il fut nourri par des corbeaux lui portant viande et pain matin et soir (1 Rois 17, 5-6). On dit que ces corbeaux, « orebim ou arebim » (en hébreu) n’étaient peut-être pas des oiseaux mais des hommes du désert. Humains ou non peu importe, ils sont le symbole de ce qui est donné gratuitement sans aucun esprit de retour, sans installer le moindre sentiment de dette chez celui qui reçoit. Ainsi les paniers descendus sur les façades napolitaines pour celui ou celle qui passe et qui a faim et dont le visage reste même inconnu à celui ou celle qui donne.

En temps de crise, il n’y a pas que la maladie qui se déclare, la simple et belle solidarité aussi. Ces gestes spontanés font prendre chair à cette phrase de l’apôtre Paul : « Si une partie du corps souffre, toutes les autres souffrent avec elle ; si une partie du corps est glorifié toutes les autres se réjouissent avec elle. Vous êtes le corps du Christ, vous en faites partie, chacun pour sa part » (1 Cor. 12, 26-27)

Solange Weiss