Culte du 2 janvier 2021 de l'Église Protestante Unie de Montpellier & Agglomération enregistré à la Margelle à Montpellier. 

 

sw020121 1Vous pouvez voir le culte ici (le texte de la liturgie et cellui de la prédication suivent sous la vidéo)

 

 

BIENVENUE

Chez vous, et tous ensemble par l’écran  ou les ondes, bienvenue à vous pour ce temps de culte, culte de l’épiphanie et premier de la nouvelle année. Ce culte vous est donné depuis la salle de culte de la Margelle à la Paillade.

Lecture de Matthieu 2, 1-12

1 Après la naissance de Jésus à Bethléem, en Judée, à l'époque où Hérode était roi, des savants vinrent d'Orient. Ils arrivèrent à Jérusalem 
2 et demandèrent : « Où est l'enfant qui vient de naître, le roi des Juifs ? Car nous avons vu son étoile apparaître en orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » 
3 Quand le roi Hérode apprit cette nouvelle, il fut troublé, ainsi que toute la ville de Jérusalem. 
4 Il réunit tous les grands-prêtres et les spécialistes des Écritures, et leur demanda où le Christ devait naître. 
5 Ils lui répondirent : « À Bethléem, en Judée. Car voici ce que le prophète a écrit :
6 “Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es certainement pas la moins importante des localités de Juda ; car c'est de toi que viendra un chef qui conduira mon peuple, Israël.” »
7 Alors Hérode convoqua secrètement les savants et s'informa auprès d'eux du moment précis où l'étoile était apparue. 
8 Puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez chercher des renseignements précis sur l'enfant ; et quand vous l'aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j'aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
9 Après avoir écouté le roi, ils partirent. Et l'étoile qu'ils avaient vue en Orient les précédait ; quand elle arriva au-dessus de l'endroit où se trouvait l'enfant, elle s'arrêta. 
10 En la voyant là, ils furent remplis d'une très grande joie. 
11 Ils entrèrent dans la maison et virent l'enfant avec sa mère, Marie. Ils tombèrent à genoux pour se prosterner devant l'enfant ; puis ils ouvrirent leurs trésors et lui offrirent des cadeaux : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. 
12 Comme ils furent avertis dans un rêve de ne pas retourner auprès d'Hérode, ils prirent un autre chemin pour rentrer dans leur pays.

La Grâce et la Paix nous sont données de la part de Dieu notre Père en Jésus le Christ, son Fils et notre Frère. 

Il a suffi qu’une étoile et un regard fassent alliance
Pour que la joie prenne au coeur de l’humain
Il faut toujours de la lumière d’ailleurs et des yeux d’ici
Pour que la vie trouve son chemin
Et que naisse enfin l’Enfant
Qui nous emmène vers demain !
Francine Carrillo, « Braise de douceur » extraits des pages 102-103

CHANT : Des cieux vers nous s’avance (ALLELUIA 31-07. ARC EN CIEL 381 - mélodie différente)

  1. Des cieux vers nous s’avance
    Un merveilleux vaisseau
    Portant notre espérance :
    Le Fils du Dieu très haut.
  1. Il va sous les étoiles
    Silencieusement ;
    L’amour en est la voile,
    Le Saint-Esprit le vent.
  1. Voilà qu’il touche à terre,
    Il est enfin au port ;
    Le Christ, oh ! quel mystère,
    Assume notre sort.

(Pierre Lutz *1926, © Fédération protestante de France, c/o Editions Olivétan, BP 4464, F-69241 LYON Cedex 04 (30))

Prière de délivrance : notre appel et la réponse de Dieu

Nous prions pour reconnaître nos manquements et recevoir la délivrance avec la Grâce de Dieu :

Notre Dieu, tu nous demandes d’élargir l’espace de nos tentes, et l’espaces de nos vies.
Mais voici : nos tentes, nos cœurs, nos vies ont tendance à se rétrécir
Comme une robe qui a été trop de fois à la lessive et dont la couleur se fane nous avons tendance et tentation
À nous réduire,
À délaisser ce qui nous cause difficulté et embarras
À nous calfeutrer dans ce que nous connaissons[1]
De crainte,
De ne pas savoir nous y prendre avec ce qui est trop étranger à notre nature,
Trop dur pour nos capacités,
Trop incertain dans ses résultats.
Nous renonçons trop vite.
SEIGNEUR, délivre-nous, élargis-nous. Amen
***
Dieu nous relève et nous dit :
Je te donne, je vous donne
De pouvoir cueillir, accueillir, recueillir
Les êtres et les choses
Qui surviennent sur vos chemins :
Je vous donne de
Chanter avec ceux qui rient
Pleurer avec ceux qui souffrent
Rêver avec ceux qui rêvent
Agir avec ceux qui transforment
Voir avec ceux qui montrent
Deviner avec ceux qui cachent
Marcher avec ceux qui se lèvent
Camper avec ceux qui s’arrêtent
Aller avec ceux qui courent
Souffler avec ceux qui récupèrent
Parler avec ceux qui échangent
Vous taire avec ceux qui font halte.
Ainsi dit le Seigneur : je mets ton cœur au large,
en émoi, en ardeur, en pause et en douceur.
(Prière adaptée d’André Dumas « Elargis-nous » p.64 sv dans CENT PRIERES POSSIBLES)

CHANT : « Comment te reconnaître »  (ALLELUIA 31-09. ARC EN CIEL 311)

  1. Comment te reconnaître,
    Comment te recevoir,
    Toi qui seul es le Maître
    Mais que nul ne peut voir ?
    Seigneur qui fis le monde,
    Tu vins un jour vers nous,
    Tu guides notre histoire
    Vers ton règne sans fin.
  1. Tu fus un enfant pauvre
    Naissant à Bethléem,
    Tu fus un roi sans gloire
    Devant Jérusalem.
    Nos yeux sont ouverts dans la nuit (AEC)

Nos yeux vers toi se tournent (ALL))
Guettant ton arrivée ;
Nos chants seront des branches
De tant de joie chargées.
(Commission d'hymnologie de la Fédération protestante de France 1974, rév. 1999; © Fédération protestante de France, c/o Editions Olivétan, BP 4464, F-69241 LYON Cedex 04 (30))

CONFESSION DE FOI adapté de Liturgie d’Iona p. 40-41

En ce début d’année, confessons notre foi, exprimons notre reconnaissance à travers cette prière

  1. Seigneur Dieu,
    Tôt le matin,
    Alors que le monde était jeune,
    Tu as créé la vie, belle et terrifiante,
    Tu as donné naissance à tout ce que nous connaissons,
    QUE TON NOM SOIT SANCTIFIE
  1. Tôt le matin,
    Au moment où le monde l’attendait le moins,
    Un nouveau-né pleurant dans une mangeoire
    A annoncé que tu étais venu parmi nous
    Et que tu étais l’un de nous ,
  1. Tôt le matin,
    Entouré de menteurs respectables, de responsables religieux,
    de politiciens frileux et d’amis silencieux,
    Tu as accepté la sanction pour avoir fait le bien (…),
    Tu t’es chargé de la croix et tu en es mort.
  1. Tôt le matin,
    Une voix dans un cimetière bien gardé (…)
    a révélé que tu étais ressuscité,
    Que tu étais revenu
    vers ceux et celles, pour ceux et celles
    qui t’avaient oublié, renié
    et qui avaient cherché à te détruire,
    QUE TON NOM SOIT SANCTIFIE                              
  1. Tôt le matin,
    En compagnie des milles couleurs
    De ton Eglise sur terre et dans le ciel
    Nous célébrons ta création,
    Ta vie,
    Ta mort et ta résurrection,
    (…)
  2. SEIGNEUR,
    Tu nous apportes une vie nouvelle
    Tu nous donnes de reprendre la vie de manière nouvelle :
    (Grâce soit rendue à Dieu ! )
    AMEN

CHANT : « Comment te reconnaître »  (ALLELUIA 31-09. ARC EN CIEL 311) 

  1. C’est toi qui donnes au monde
    Un avenir si beau
    Et ta promesse fonde
    L’espoir d’un renouveau.
    Dans la vie de tout homme,
    Tu es le compagnon
    Et la joie la plus vive
    Demeure dans ton nom.
  1. Nous tous, pour te connaître
    Et pour te saluer,
    Nous gardons ta promesse,
    Chantons ta royauté.
    Elle est cachée dans ton amour (AEC) 
    Marqués de ton baptême (ALL) 
    Nos noms sont tous écrits
    Au cœur de l’Evangile
    Où parle ton Esprit.

(Commission d'hymnologie de la Fédération protestante de France 1974, rév. 1999; © Fédération protestante de France, c/o Editions Olivétan, BP 4464, F-69241 LYON Cedex 04 (30))

Interlude musical

Prière d’illumination

Avant d’ouvrir la Bible, nous prions :

Seigneur, au moment de lire et d’entendre des textes de la Bible
Creuse notre oreille
Elargis notre cœur et son intelligence
Afin d’entendre à travers ces écritures, ta Parole qui nous visite.

Dans l’évangile de Matthieu, la visite des mages honore l’enfant Jésus et sa mère, juste avant l’exil de la famille en Egypte. Quelques années plus tard Joseph, Marie et Jésus reviennent et s’installent à Nazareth. Nous retrouvons maintenant une autre histoire de famille avec Jésus adulte, alors qu’il enseigne aux foules ; c’est au chapitre 12 du même évangile de Matthieu, versets 46 à 50

Matthieu 12, 46-50

46 Comme il (Jésus) parlait encore aux foules, sa mère et ses frères se tenaient dehors et cherchaient à lui parler. 
47 Quelqu'un lui dit : Ta mère et tes frères[2] se tiennent dehors, et ils cherchent à te parler. 
48 Mais il répondit à celui qui le lui disait : Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ? 
49 Puis il étendit la main sur[3] ses disciples et dit : Voici ma mère et mes frères ! 
50 En effet, quiconque fait[4] la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère.

Interlude musical

sw020121 2Prédication : Matthieu 12, 46-50 : élargis l’espace de ta famille

Ce qu’épiphanie manifeste

En ces temps de Noël et nouvel An, même sous Covid, c’est un temps où l’on est sensible aux relations familiales, qu’elles soient heureuses ou qu’elles fassent mal. C’est aussi un temps où nos cœurs sont plus attentifs pour s’élargir davantage…ainsi les paroles de Jésus viennent élargir l’espace familial.

Ce dimanche c’est aussi le dimanche dit de « l’épiphanie ». Le mot vient d’un verbe grec qui signifie « rendre clair, manifeste, évident ». Les chrétiens fêtent l’épiphanie avec la visite des mages à l’enfant Jésus, mais c’est tout l’évangile qui est sous le signe de l’épiphanie, tout le ministère de Jésus qui rend clair et manifeste les réalités selon Dieu.

L’épiphanie c’est aussi vivre un événement qui déroute au sens premier du terme : qui fait sortir de la route. Au début de son évangile, Matthieu écrit que les mages venus par un chemin rentrent chez eux par un autre, parce que rencontrer Jésus comme Christ ne fait plus vivre comme avant, même si on revient chez soi, c’est un ailleurs.

Les mages ont longtemps cherché l’enfant roi et ce qu’ils ont trouvé ne correspondait pas du tout à ce qu’ils avaient pu imaginer : une simple maison à Bethléem au lieu d’un palais royal à Jérusalem ; ils ont su ces hommes, écouter aussi la voix divine des songes, cette voix qui murmure dans les consciences. Donc ces hommes, savants, n’étaient pas enfermés dans leurs savoirs, ils avaient l’intelligence disponible aux inattendus de Dieu, à un Dieu qui dérange et les coutumes et les savoirs.

Le récit d’évangile avec Jésus adulte et sa famille, est en cohérence avec ce que les mages avaient déjà découvert, à part que cette fois-ci, ça s’applique aux proches de Jésus. C’est un événement presqu’anodin, qui est pourtant rapporté par 3 évangiles sur 4 ; c’est un événement qui désinstalle des coutumes, et qui fait passer les liens de famille dans une autre dimension.

Quand les proches deviennent lointains

Jésus est en train de parler aux foules quand sa mère et ses frères arrivent et se tiennent dehors, et ils cherchent à lui parler.

Ce n’est certainement pas pour passer à table et ça sent la délégation officielle d‘une famille pas très contente. Peut-être, c’est simplement la demande d’une mère de voir son fils un peu, à part, un peu tranquille, bref un petit temps de réunion de famille, rien de bien méchant mais une demande légitime comme on en entend souvent dans notre monde agité, stressé, dans des foyers accaparés par le travail, télétravail ou non. Peut-être que de la part de Marie et ses autres fils, c’était pour un reproche, peut-être c’était seulement pour un petit temps de retrouvailles. Mais… ça leur est superbement refusé, par Jésus.

L’évangile ne dit donc rien des raisons de la venue de la mère et des frères de Jésus; il est seulement dit qu’ils se tiennent dehors et cherchent à lui parler. Ils se tiennent dehors, ils n’entrent pas. Avec l’épisode des mages, l’évangile racontait comment Hérode et tout Jérusalem ont été troublés par l’annonce d’un bébé roi mais comment des mages sont venus de loin pour l’honorer, donc comment des proches peuvent devenir lointains et des lointains devenir proches.

Nos bibles mettent souvent comme sous-titre à cet épisode: la vraie famille de Jésus comme s’il y en avait une fausse, ce que je ne crois pas. Je crois qu’il n’y en a qu’une selon les paroles de Jésus.

Écouter et chercher à parler

Ceux et celles (!) qui sont autour de Jésus et qui seront désignés par lui comme sa mère, son frère, sa sœur écoutent.

La mère et les frères de Jésus par le sang eux, ne cherchent pas à écouter mais cherchent à lui parler.

Le dialogue entre Jésus sa mère et frères de sang ne se fera pas non plus en direct mais par un intermédiaire, par le « « quelqu’un » venu lui dire « ta mère et tes frères sont dehors et cherchent à te parler ». L’évangile ne raconte pas si cet homme en retour a rapporté les paroles de Jésus ni comment il l’a fait.

Jésus qui va si souvent à la rencontre des gens, qui sort pour aller à leur rencontre, ici ne sort pas pour rencontrer sa mère et ses frères.

Aucun sentiment n’est nommé mais ça sent quand même la relation compliquée. Il n’y a jamais eu de sainte famille dans le sens où on entend sainte comme parfaite et sans problème.

Et on peut comprendre la situation par expérience familiale ou écoute de l’expérience des autres. Combien de fois il y a des problèmes de communication dans nos propres familles? Des difficultés à se dire en vérité ? A se faire des reproches sans tarder et à lever des malentendus, pour reprendre/ de façon fluide une bonne relation ? Combien de fois on veut dire, on cherche à dire plutôt que d’écouter ses proches? La mère de Jésus et ses autres fils nous ressemblent bien.

Les relations en famille de sang sont considérées comme allant de soi alors qu’elles ne vont pas du tout de soi : c’est pas la généalogie qui fait la famille, c’est même pas l’histoire commune, c’est pas le toit commun. Les familles recomposées peuvent faire l’expérience de ce qui ne va pas de soi et des relations à tisser, et de l’histoire commune à inventer, et de l’histoire de l’autre à adopter… même si ça reste, encore, un entre soi. Mais quand ça ne va pas de soi, selon la nature ou selon les coutumes, quand ça ne va pas de soi, l’écoute, parce qu’elle est nécessaire, est peut-être plus souvent là.

La famille dont parle Jésus est encore autrement. Cette famille qu’il désigne autour de lui comme ses proches, est aussi une famille qui ne va pas de soi et qui a besoin d’une parole pour être composée. Et elle est composée, pas pour délimiter mais pour l’élargir au maximum… Comme le prophète Esaïe[5] a dit « élargis l’espace de ta tente », ici c’est « élargis l’espace de ta famille ».

Écouter et faire

Autour de Jésus, ceux et celles qui écoutent, sont aussi celles et ceux qui font. Pas la volonté de Jésus mais qui font la volonté du Père qui est dans le ciel, c’est-à-dire du Père commun à tous, liens de sang ou pas.

Il s’agit d’une nouvelle communauté, ou plutôt d’une nouvelle fratrie née de l’écoute, une fratrie de gens disponibles à écouter et recevoir une parole qui éclaire, qui fait vivre, d’une vie pas tranquille mais d’une vie vivante. Comme l’écrit Marion Muller Colard « à ce jour en effet je n’ai pas trouvé de vie vivante qui puisse s’affranchir de l’intranquillité »[6]. Cette fratrie, même cette famille puisque Jésus parle aussi de sa mère en parlant de ses disciples, cette famille est donc engendrée par une Parole, celle de Dieu.

L’évangile de Jean le dit autrement dans son ouverture en parlant de cette parole qui n’est pas accueillie par les siens mais qui donne, à ceux qui la reçoivent  le pouvoir de devenir enfants de Dieu ; ceux là écrit Jean, ne sont nés ni du sang ni d’une volonté charnelle ni d’une volonté virile mais de Dieu. L’évangile de Matthieu dit cet engendrement en montrant un geste de bénédiction de Jésus : et entendant sa main sur ses disciples, il dit :

« voici ma mère, mes frères ; quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère ».  C’est une vraie recomposition familiale!

C’est même pas : eux sont mes frères, sœurs et mères mais eux c’est chacun, chacune, chacun d’eux, chacune d’elles, c’est mon frère, ma sœur, ma mère. Ce n’est pas un collectif, une masse, c’est de multiples relations avec chacun, chacune comme être unique.

La famille que Jésus désigne ainsi par son geste et ses paroles de bénédiction, n’est pas une famille exclusive mais une famille totalement inclusive et pas seulement parce qu’il ajoute les sœurs oubliées.

Jésus n’exclue pas sa mère et ses frères de sang qui restent dehors, ils peuvent entrer dans cette famille de ceux qui écoutent la parole et font la volonté de Dieu. Ils peuvent si ils comprennent que les relations de sang désormais ne sont plus exclusives pour définir ce qui fait famille.

On pourrait parler de réseau mais dans un réseau on se choisit ; ici c’est la Parole écoutée et pratiquée qui fait relation. Alors est-ce que l’Eglise (les églises) aujourd’hui pourrait(ent) se reconnaître comme cette nouvelle famille, se reconnaître dans ces  liens familiaux vécus autrement ?

Communauté de service

Pour le meilleur et pour le pire, le théologien André Dumas veut bien appeler l’Eglise sa nouvelle famille dont Dieu -dit-il- est l’initiateur, son Fils Jésus le libérateur et l’Esprit le rassembleur. Cependant il hésite… à appeler l’Eglise sa mère car elle ne l’a pas engendrée mais il l’a rencontrée.

Il hésite à appeler l’Eglise sa sœur car il ne lui est pas lié- dit-il- par l’obscurité du sang mais par la liberté de l’esprit. Et il a bien raison d’hésiter car l’Eglise n’engendre pas et ne crée pas de généalogie : c’est la Parole de Dieu qui engendre, qui adopte, qui fait alliance.

La Parole de Dieu engendre, adopte, fait alliance

en toute liberté sans tenir compte des liens de parenté installés ou brisés ou sans tenir compte des affinités sélectives entre esprits du même bord.

« Élargis l’espace de ta tente » disait le prophète Esaïe. « Elargis l’espace de ta famille » dit Jésus et même… aujourd’hui on pourrait dire « élargis l’espace de ton Eglise ».

Jésus ne définit pas les Chrétiens seulement quand il désigne comme son frère, sa sœur, sa mère  quiconque fait la volonté de son Père… elle est donc large cette famille connue de Dieu seul, sûrement.

Mon frère, ma sœur, ma mère n’écoute pas la volonté de Dieu de la même façon que moi ; peut-être ils ne l’appellent même pas Dieu.  Mais je peux retrouver mon frère, ma sœur, ma mère dans une même action, un même service, pour moi au nom du Christ des Evangiles, pour d’autres peut-être au nom, d’un autre nom de Dieu ou peut-être d’un humanisme sans nommer un Dieu.

Que sait-on des chemins de Sa Parole ?... Des chemins de la Parole de Dieu ? Ceux et celles qui font la volonté du Père, qu’ils croient au ciel ou qu’ils n’y croient pas (comme a dit le poète[7])  ceux là je les appellerais volontiers une Communauté de Service et c’est bien plus large qu’une Eglise identifiée, étiquetée, confessée.

Cette écoute et cette action débordent largement les limites de mon Eglise de coeur et les mots incertains de ma foi. Mais je peux trouver dans une communauté de service un frère, une sœur et une mère. Et cette communauté de service croise en partie la communauté chrétienne.

L’arbre et ses fruits

Il y a ceux qui écoutent d’abord et ceux qui cherchent à parler d’abord. Il y a ceux qui écoutent et n‘en font rien comme s’ils n’avaient pas écouté. Il y a ceux qui écoutent sans engager leur parole comme si la parole entendue n’avait pas besoin de la leur pour résonner.

Il y a ceux et celles qui ne peuvent que donner ce qu’ils ou elles ont reçu, qui s’élancent avec ce qu’ils ont entendu et reçu. En fait, il y a toujours une racine qui nous porte, peu importe qu’elle soit par les liens de sang ou les liens de cœur ou les deux, les liens d’identité ou d’appartenance. Les uns comme les autres peuvent ou non donner du fruit.

Nous n’avons pas à nous occuper des racines mais à les honorer seulement en leur faisant donner du fruit:  et selon les situations nous ferons venir ce fruit avec quelqu’un qui sera pour nous, selon les situations, comme une mère, un frère ou une sœur.

Amen

Interlude musical

Annonces et Offrande

Prière d’intercession "Etends sur eux ta main bénissante"  AU COMMENCEMENT p.80

Les uns avec les autres les uns pour les autres, nous prions.

Seigneur, dans la confiance en ton écoute,
nous voulons te présenter tout ce qui nous touche et ce qui nous fait peur.
Nous regardons avec peine et incompréhension
notre monde, ses sursauts et ses désordres :
la violence dans nos rues, à nos portes
les abus de puissance politique, économique,
les beaux discours les actes vides.

Seigneur, souffle un vent de paix et de courage sur notre terre;
suscite des hommes et des femmes de bonne volonté et de grande persévérance
affermis l’humanité de ceux qui gouvernent
Étends sur ceux-ci et sur ceux-là ta main bénissante
Pour  que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Dans nos cœurs nous pensons ceux qui souffrent,
et dont nous connaissons les noms :
ceux que la vie oppresse, que la maladie diminue,
ceux qui sont étreints par le deuil,
ceux qui se lèvent et se couchent dans leur solitude.

Seigneur,

étends sur eux ta main bénissante;
accorde-leur le repos dans ta paix
et le chant de la source qui mène au grand large
Mets sur leur chemin des frères, des sœurs, des mères, des pères
à l'écoute de leurs tourments.

Seigneur, nous sommes ton Église,
et tu connais  sa faiblesse et ses arrogances.
Au coeur de ton Eglise, Seigneur,
favorise les rencontres qui vivifient,
pour donner la joie, servir la justice, créer l’espérance
avec simplicité et imagination.
Toutes ces prières, nous les rassemblons en te disant ensemble:  « Notre Père …"

Envoi et Bénédiction 

À la fin de notre culte, en ce temps de l’Epiphanie, je veux partager avec vous cette phrase que j’ai reçue comme vœu pour une nouvelle année quand j’étais pasteure à Marseille :

« Ne crois pas que tu t’es trompé de route… quand tu n’es pas allé assez loin » (lu dans un bar à Beyrouth. De Claude Aveline « Avec toi-même »)

Alors, cherche, cherche encore
Va devant
(…) enjambe l’horizon
Epouse le vent
Et tu verras…
Que chaque pas est une moisson
Francine Carrillo, « Braise de douceur » p. 73

Recevons la bénédiction de Dieu en Jésus-Christ:
De là où nous sommes
Jusque là/ où il a besoin de nous
Christ nous bénit et nous conduit !
De la sécurité à l’aventure
Christ nous bénit et nous conduit !
Pour façonner le tissu de ce monde
Jusqu’à ce qu’il ressemble au « « Royaume de Dieu
Christ nous bénit et nous conduit ! Amen !

(Liturgie d’Iona librement adaptée. P. 36)

Chant  : « Le fils de Dieu, le roi de gloire » les strophes 1-3-4 (ALLELUIA 31-13. ARC EN CIEL 361) 

  1. Le Fils de Dieu, le Roi de gloire
    A voulu naître parmi nous.
    Il est venu sur notre terre
    Au temps marqué par son amour.

Refrain
Dès aujourd’hui ton royaume est proche :
Viens parmi nous, Seigneur Jésus.

  1. Dans notre nuit surgit l’aurore
    De sa justice et de sa paix :
    Dieu nous envoie sa délivrance,
    Il ne nous quittera jamais.

Refrain
Dès aujourd’hui ton royaume est proche :
Viens parmi nous, Seigneur Jésus.

  1. Il a tracé pour nous la route,
    Il s’est chargé de nos douleurs
    Et nous marchons vers sa promesse,
    Le front marqué de sa splendeur.

Refrain
Dès aujourd’hui ton royaume est proche :
Viens parmi nous, Seigneur Jésus.

(Jean Chrestien *1927; © Groupe Fleurus-Mame, c/o SECLI 09/002, Abbaye Sainte Scholastique, F-81110 Dourgne (33))

 Bonne année 2021 riche en solidarité et en imagination !

Notes:    

[1] Original : dans un recoin étroit
[2] Ici Marc (3,31-35) rajoute les soeurs.
[3] Avec le regard chez Marc.  Dans évangile de Luc pas de mention explicite de foule et disciples
[4] L’évangile de Luc explicitera ce qui est implicite c’est-à-dire l’écoute : ceux qui entendent la parloe de Dieu et la mettent en pratique (Lc 8,21)
[5] Esaïe 54,2
[6] P.40 « L’intranquillité » de Marion Muller Colard
[7] Louis Aragon, la Rose et le Résédat dans « Les yeux d’Elsa »

 

Solange Weiss, le 2 janvier 2021 à Montpellier.
Crédit images:Rien POORTVLIET "Il était l'un des nôtres"