Quelle belle parole pour commencer une nouvelle année d’école, d’église,  de travail, de vie!

 

Apocalypse 21, 1-8

Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'était plus. Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s'est parée pour son époux. Et j'entendis du trône une forte voix qui disait: Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. Et celui qui était assis sur le trône dit: Voici, je fais toutes choses nouvelles. Et il dit: Écris; car ces paroles sont certaines et véritables. Et il me dit: C'est fait! Je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif je donnerai de la source de l'eau de la vie, gratuitement. Celui qui vaincra héritera ces choses; je serai son Dieu, et il sera mon fils. Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.

Extrait de « La Bible Louis Second (LSG) » by Public Domain.

 

bourgeonApoc 21,1 à 8 : Dieu dit: « Voici, je fais toutes choses nouvelles! »

Quelle belle parole pour commencer une nouvelle année d’école, d’église,  de travail, de vie!
C’est la rentrée!

« Voici, je fais toutes choses nouvelles! »
Connaissez-vous aussi ce sentiment de nouveauté excitante, de renouveau possible au début d’une nouvelle année?
Ce sentiment qui est en même temps mêlée  aux décisions de changer des choses dans nos vies, de faire autrement, de rebondir, de changer enfin ...?

Je me souviens bien encore de ma première rentrée à l’école primaire avec mon grand cartable tout neuf ...
avec cette impatience et curiosité de franchir le pas et en même temps avec cette appréhension de ce que j’allais trouver ...

Puis toutes les années suivantes, à la fin de vacances d’été, le moment où j’ai enveloppé mes nouveaux livres d’école ...
je me souviens de cette excitation d’apprendre du nouveau, d’avancer, d’aller plus loin.

Ces sentiments continuent et se répètent:
pensons à l’entrée au  collègue, au lycée, à la fac ...à l'entrée dans la vie professionnelle...

N’oublions pas les choix personnels de la vie:
partir, quitter la maison des parents, changer de pays parfois, se marier, devenir parents.

Le sentiment de nouveauté est si souvent lié au changement, au passage d’une chose à une nouvelle, d’un état à un autre ...

« Voici, je fais toutes choses nouvelles! »

Aujourd’hui, lors de cette rentrée qui menace parfois de nous entraîner dans un tourbillon de choses à faire et organiser,
vous vous dites peut-être:
« Oui, cette année, je m’appliquerai plus à l’école ou dans le travail …
Je ferai  plus attention à ma santé: manger mieux, dormir plus, faire du sport,
je m'engagerai plus dans les associations, dans l'église ...Je me prendrai plus de temps pour ceux que j’aime ...Je m'intéresserai plus à l'actualité dans le monde ...
je prendrai plus de temps  pour moi ... ».

Je pense que nous pouvons en ajouter pleines d'autres pensées de renouveau qui peuvent nous traverser.

Qui ne s’est jamais dit qu’il voulait changer?

La publicité profite de ce désir humain en nous incitant à changer notre look :
« Un nouveau look pour une nouvelle vie »,
notre lieu de vie:  « et si vous aussi votre nouvelle vie était en Lozère »
notre manière de vivre ...

Comme si nous étions renouvelés avec une nouvelle robe, coupe de cheveux, maquillage, maison, lieu de vie,  loisir ...

Au fond, nous resterons quand- même les mêmes; n’est-ce pas ?

Et quand nous levons la tête et nous regardons l’actualité de notre société et notre monde, nous constatons aussi que les problèmes ne sont pas effacés avec la rentrée, au contraire.
La mort existe et elle touche actuellement tant d’innocents qui meurent à cause de leurs convictions. Je pense particulièrement à la situation inquiétante en Irak et en Syrie.
La cruauté et la violence sont bien réelles.
Le deuil, les cris, les peines et les larmes sont bien existants.

Les vieilles choses et problèmes non résolues continue à exister et à plomber parfois nos jours:
un vieux conflit non-résolu, une séparation difficile, une maladie ...

Il nous en reste ce désir de liberté, de changement, de nouveauté, de guérison:
« Oui, Dieu, s’il te plaît, fais toutes choses nouvelles dans ma vie. »  C’est peut-être notre cri.

La vieille parole de Dieu de la bouche d’un visionnaire du premier siècle après Jésus Christ, Jean de Patmos vient aujourd’hui encore vers nous comme une promesse: « Voici, je fais toutes choses nouvelles! »
« C’est le thème du programme de la catéchèse de cette année:
Dans les textes bibliques comme dans nos vies, Dieu se révèle chemin faisant (...)
Je fais toutes choses nouvelles : Recevoir, témoigner, rebondir, :
trois manières inséparables de parler de la foi :
« Au nom de Dieu qui donne et pardonne gratuitement »,
que veut dire recevoir l’amour de Dieu et en vivre ?
« Traduire la Bonne Nouvelle en paroles et en actes »,
comment témoigner de ce que nous avons reçu ?
« Rebondir dans la crise: comment  (re)trouver la confiance »..
Face aux blessures de la vie :  qu’est-ce qui donne la force de continuer à vivre ?»

Voici les questions que nous aborderons avec les jeunes cette année.

Relire Apoc 21,5

Au centre de notre culte de rentrée se trouve cette vieille parole de l’apocalypse de Jean.
Le mot « apocalypse » veut dire non pas tremblement de terre, ni catastrophe ou fin du monde, mais « révélation » .
C'est un genre littéraire bien connu entre le deuxième siècle avant et le deuxième siècle après Jésus Christ.
L’apocalypse n’est pas uniquement une parole des doux rêveurs, mais aussi un mouvement social et une compréhension autre du monde et de la réalité.
Notre texte vient de la bouche de Jean de Patmos; ce n’est pas un disciple de Jésus, mais un chrétien de la fin du premier siècle qui a été exilé sur l’île de Patmos à cause de la Parole et de son témoignage de Jésus.

Patmos...(une île grecque , presque aussi belle – je m'adresse aux jeunes - que la Corse !)

Ce Jean de Patmos a sans doute vécu sous le règne de l' empereur romain Domitien, qui a été marqué par un culte impérial. Les temps ont été durs pour les chrétiens d'Asie Mineurs. Les persécutions, encouragés par l'empereur se sont multipliés. Les chrétiens ont beaucoup souffert.
Leur existence était difficile.
Comment se positionner entre la demande d’adorer un empereur comme un Dieu et l’exigence de la foi chrétienne au péril  de sa vie ?

L'apocalypse n’est pas une parole qui annonce la fin du monde, mais une parole qui est ancrée dans le présent de la vie de celui qui  écrit.
Il s’agit d’une confiance en la réalité actuelle de l’avenir dès présent. Une présence du futur déjà maintenant.
D’un royaume de Dieu déjà là;

Cela semble absurde en regardant la situation dans laquelle le texte a été écrit, mais aussi quand nous entendons ce texte dans notre contexte actuel.

Notre monde n’est pas le royaume de Dieu, loin de là.
 Le ciel est le même, la terre est la même et les problèmes écologiques commencent à être plus en plus une menace qu’il faut prendre au sérieux.
Aujourd’hui, partout dans le monde, à deux jours avant le sommet des Nations unies sur le changement climatique à New York  a lieu une marche pour le climat.

Oui, nous savons bien que toutes choses ne sont pas nouvelles.
Avec la foi nous ne pouvons pas appuyer sur un bouton pour effacer tout ce qui est derrière nous et tout ce qui nous préoccupe aujourd’hui.

Mais c’est peut-être l’angle du regard qui change avec la foi, la lumière dans laquelle nous voyons notre vie et notre réalité.
Nous pouvons regarder notre monde sous la lumière d’une espérance qui change et qui engage en même temps!

A la place de voir tout de notre seul point de vue, basé sur nos efforts et nos forces de changer, notre incapacité, nos échecs et nos erreurs ...
nous pouvons nous voir et reconnaître sous le regard aimant de Dieu, comme des êtres nouveaux, changés par lui dès maintenant, comme le dit si bien l’apôtre Paul dans sa deuxième épître au Corinthiens 5,17:
« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes s’en sont allées, voici des choses nouvelles sont là. »

 Pour Jean de Patmos, ce changement  « est fait » !?
Comment  peut-il être si optimiste ?

Jean est nourri par des vieilles promesses des prophètes de l’Ancien Testament sur lesquels il s'appuie dans son écriture;
ces promesses de renouveau deviennent possible pour lui avec sa foi en Jésus Christ.
Dieu et le Christ sont inséparables pour lui.

L’avenir possible commence pour lui  dans l’impasse de la mort de Jésus Christ à la croix et avec l’événement de sa résurrection.
A la croix, il s'avère que toute souffrance peut être habitée par Dieu.
L'assurance de sa présence permet l'espérance, qui crée une ouverture,
comme le symbolise aussi pour moi l’image projetée ... une brèche de lumière,
une espérance là où tout a semblé d’être fini.
Une impasse qui redevient une route de vie.

J’entends dans ces passages bibliques cités la promesse d’une nouvelle création possible dès maintenant par Dieu,
d’une création qui ne signifie pas de revenir au jardin Eden, à l’origine,  au début de notre histoire,
mais qui fait naître autre chose, une ville, la Jérusalem nouvelle, où Dieu est présent au milieu des hommes, descendue du ciel, présente sur terre.
Dieu n'habite plus en haut, mais sur la terre nouvelle.
Le texte dit même, qu’il « campe » avec les hommes … ici d'une manière durable.
Le fleuve de l’eau vive et l’arbre de la vie se trouve au centre de la ville !
Et celui qui a soif peut boire gratuitement à la source d'eau de la vie.

D'un côté, il y a une destruction totale de ce qui empêche la vie : la mer, symbole des puissance destructives et le mal ne seront plus.
D'un autre côté, il y a une ville et pas un retour au jardin, comme pour dire que l'oeuvre de l'homme est sauvegardée, mais transformée.
Le défi est de vivre ici comme des habitants de la Jérusalem nouvelle.  (cf. professeur Elian Cuvillier):
« C’est à dire, non pas fuir loin de la réalité des villes humaines mais les habiter en témoins d’une autre réalité. » (E. Cuvillier, Les apocalypses, page 58).

Les « nouveaux cieux » et « la nouvelle terre » sont création de Dieu.
Nous ne pouvons rien forcer par notre activisme, mais nous pouvons habiter ce monde Dieu en le traduisant par nos actes d’espérances, des actes qui rendent responsables !

Contre toute apparence et contre le monde, le Christ a vaincu la mort et toutes ses puissances.

Cette confiance en une vie nouvelle et transformée est présente.

Pour moi, cela signifie que notre passé n’est pas effacé et oublié, mais traversé et dénoué par une parole de vie.
Il est remis à sa juste place:
notre histoire fait partie de nous, tout ce que nous avons vécu construit notre identité, mais elle ne prend pas toute la place. Autre chose est et devient possible.

«Voici , je fais toutes choses nouvelles» nous dit Dieu.

Des nouveaux chemins deviennent possibles, comme le dit le prophète Esaïe dont la parole résonne fortement dans l’apocalypse:

Es 43,18.19.
Dieu dit:
« Ne pensez plus au passé, ne vous préoccupez plus de ce qui est derrière vous. Je ferai du nouveau; on le voit déjà paraître, vous saurez bien le reconnaître. Oui, dans le désert je vais ouvrir un chemin, dans ces lieux arides je vais faire couler des fleuves. »

Le passé, notre histoire, nos expériences sont importantes, certes, il faut en tenir compte, les comprendre, les analyser, mais ce passé ne bloque, ni ne détermine pour toujours notre avenir.

Notre situation si désespérée qu’elle puisse parfois paraître, n’est pas bloquée.

Dieu nous dit: il y a toujours quelque chose de possible! Il y a la résurrection au bout du chemin.
Il nous dit:
« Tu ne risque pas ta vie.
Je suis là, présent au milieu de la tempête, au milieu des difficultés, au milieu du tourbillon qui peut t’entraîner à perdre pied.
Je suis là, tout prêt de toi, pour te rappeler que la vie est plus fort, pour te rappeler que ce n’est pas toi qui doit porter le renouveau de ta vie toute seule.
C’est moi qui te sauve, qui te porte, que te donnera les forces.
Ton passé et ton histoire ne sera pas effacé, mais il n’est plus le seul appui de ta vie.
J’y construirai du nouveau. »

 « Voici, je fais toutes choses nouvelles! »
Recevons cette parole,
laissons-nous nous transformer par Dieu,
prenons appui,
et témoignons en vivant cette nouveauté de vie dans nos choix (éthiques et dans nos choix de vie!)
Bonne rentrée … ou plutôt : bonne  Nouveauté (de vie )

Amen

Christine Mielke