Qu’est-ce  que le levain? Quelle signification a le levain dans la bible? Quel est ce levain dans notre vie?

 

1 Corenthiens 5, 6-8

Ah ! vous n'avez vraiment pas de quoi vous vanter ! Ne savez-vous pas qu'« il suffit d'un peu de levain pour faire lever toute la pâte » ?
Faites donc disparaître tout « vieux levain » du milieu de vous afin que vous soyez comme « une pâte toute nouvelle », puisque, en fait, vous êtes « sans levain ». Car nous avons un agneau pascal qui a été sacrifié pour nous, le Christ lui-mêmez.
C'est pourquoi célébrons la fête de la Pâque, non plus avec le « vieux levain », le levain du mal et de la méchanceté, mais uniquement avec les pains sans levain de la pureté et de la vérité.

 

Galates 5, 1.9.13-15

1 Le Christ nous a rendus libres pour que nous connaissions la vraie liberté. C'est pourquoi tenez bon et ne vous laissez pas réduire à nouveau en esclavage.
9 Ne dit-on pas : « Il suffit d'un peu de levain pour faire lever toute la pâte » ?
13-15 Oui, mes frères, vous avez été appelés à la liberté. Seulement, ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vivre comme des hommes livrés à eux-mêmes. Au contraire, par amour, mettez-vous au service les uns des autres. Car la Loi se trouve accomplie tout entière par l'obéissance à cette seule parole : Aime ton prochain comme toi-mêmes. Mais si vous vous blessez les uns les autres et si vous vous entre-déchirez, prenez garde ! vous vous détruirez mutuellement.

 

Mathieu 13, 33

Il leur raconta une autre parabole :- Le royaume des cieux ressemble à du levain qu'une femme prend pour le mélanger à une vingtaine de kilogrammes de farine. Et, à la fin, toute la pâte lève.

Extraits de « La Bible Second version 1910 »

 

 

Pain-au-LevainVoilà quelques textes inhabituels pour un matin de Pâques!

En lisant les textes qui ont été proposé pour ce jour de Pâques, j’ai été intriguée par l’image du levain.

Qu’est-ce  que ce levain?
Quelle signification a le levain dans la bible?
Quel est ce levain dans notre vie?

Ainsi, je me suis mise à la découverte du levain ...

Je suis allée en chercher à la boulangerie pour voir à quoi il ressemble, puis je suis allée voir la définition qu’en donne le dictionnaire: le levain est un: «Morceau de pâte en cours de fermentation incorporé à la pâte en cours de pétrissage pour en provoquer la levée par dégagement de gaz carbonique.» Le levain est un micro-organisme vivant qui fait lever la pâte! Faire un pain au levain prend du temps, il faut pétrir la pâte, la laisser reposer. Il faut laisser du temps à la pâte de se lever. Dans la plupart des recettes, il faut trois jours. Imaginez-vous! Trois jours et trois nuits pour lever la pâte. Sans le processus de la fermentation qui fait lever la pâte, le pain sera dur, compact, sans air ... Mais: «Un peu de levain, et toute la pâte lève!» - en prenant son temps.

L’image du levain n’est pas sans lien avec la résurrection. Le verbe français «ressusciter» traduit deux verbes grecs qui signifient réveiller (egeiro) et mettre debout, relever (anisthemi). Deux verbes, deux images: «réveiller» arrache à la mort, puis: «relever» évoque un surgissement par quoi Dieu relève ce que la mort a abattu. La résurrection est une re-surrection, une re-mise debout de ce qui était à terre. D’autre part, la résurrection dans la Bible est d’abord l’évocation d’un vide.

Tout est parti
d’un tombeau vide,
d’une absence,
d’un manque,
d’une ouverture, puis soudain,
d’une espérance,
et d’une parole qui relève ...

L’ange au tombeau dit aux femmes:
«Ne vous effrayez pas. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié: il est ressuscité, il n’est pas ici; voyez l’endroit où on l’avait déposé.» (Mc 16,6)

La résurrection nous fait cheminer en trois temps:
•    de la peur, celle des femmes est prise en compte
•    vers une parole qui survient afin de les remettre debout,
•    et de les inviter ensuite au témoignage: «allez le dire».

La résurrection, comme le levain, crée un peu de vide, d’ouverture, de respiration dans la pâte de nos vies, parfois dense, lourde et indigeste?

Le soir du vendredi saint, Jésus était mort et avec lui toute forme d’espérance. Au matin de Pâques, à l’inverse, se découvre un tombeau vide, une ouverture, pour les amis de Jésus une respiration.

Cette ouverture crée un appel d’air qui nous rejoint encore aujourd’hui ...

«Un peu de levain, et toute la pâte lève!»

Que disent les passages bibliques que nous avons entendu quand ils évoquent le  levain?

Ces quelques versets nous montre qu’il y a deux interprétations possibles du levain dans la bible: celle qui désigne le levain comme quelque chose d’impur qu’il faut enlever,
puis, celle qui reconnaît cette force incroyable et positive au levain de pouvoir lever toute une pâte.

L’apôtre Paul dit: «Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain.»(1 Cor 5,6.7)

Ici, le levain signifie la dimension de l’impureté. Quand Paul parle du vieux levain, il pense  à ce qui sale, impur, vieux dont il faut se purifier. Il le met en lien avec la fête juive des pains sans levain, la Pâque juive qui commémore la libération du peuple d’Israël de l’esclavage en Egypte.
Avant la fête de la Pâque, les juifs purifient leur maison de tout ce qui  est vieux, sale, impur, dont le vieux levain et ils ne mangent que du pain sans levain, le pain azyme. Le vieux levain doit être enlevé pour laisser place à autre chose; ici, c’est une pâte nouvelle. Quand Paul dit aux Corinthiens de se purifier du vieux levain, il va plus loin, parce qu’il pense à la libération définitive de l’homme par le Christ. «Mais si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui.» Rm 6,6. Ce qui change dans son approche est que les chrétiens sont déjà maintenant cette nouvelle pâte, sans levain, purifié du vieux levain. «Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain.»(1 Cor 5,6.7). C’est déjà une parole de résurrection; car elle dit: vous êtes libérés dès aujourd’hui! Vous êtes capable de changer, de vous libérés de ce qui vous encombres, parce qu’il a quelqu’un d’autre qui vous a libéré.

«Un peu de levain, et toute la pâte lève!» écrit l’apôtre Paul dans l’épître aux Galates.
Ici, il fait aussi référence à une vieille sentence qui rappelle qu’une toute petite cause peut avoir un grand effet; dans les deux sens!

Une petite souillure peut salir toute la pâte. Donc, il faut enlever ce qui contamine. Mais aussi: un peu de levain suffit pour faire une belle pâte, bien aérée, digeste, vivante, comme dans la parabole raconté par Jésus: «Le royaume des cieux est comparable à du levain qu’une femme prend et enfouit dans trois mesures de farine, si bien que toute la masse lève». (Mt 13,33)

Un petit peu de levain, si peu pour une grande quantité de farine, peut  malgré tout faire lever toute une pâte et la rendre aérée ...

Dans la parabole du levain, la petite masse du levain n’empêche pas de faire lever toute la pâte, au contraire. On aurait pu penser que le levain se perdrait dans l’énorme quantité de farine; mais non; il fait lever la pâte ...

Cette image est utilisée par Jésus pour parler du royaume des cieux, comme pour dire, qu’il est bien présent, dans la pâte de nos vies, en petite dose, mais cela suffit pour créer une respiration, une ouverture, une pâte de vie qui respire!
«Il suffit parfois de si peu de choses...»

Deux compréhensions possibles de l’image du levain,
deux interprétations qui peuvent résonner dans notre vie.

Quel est le levain de notre vie?

Quel est le vieux levain dont nous aimerions nous débarrasser?
Qu’est-ce qu’il nous fait lever, qu’est-ce qui nous remet debout?

Paul réfléchit dans les catégories de son temps: il distingue entre ce qui est pur et ce qui impur, puis il encourage les Corinthiens de se débarrasser de ce qui est impur dans leur vie avec l’aide du Christ par lequel ils sont vraiment libre dès  à présent. «C’est pour que nous soyons vraiment libres que Christ nous a libérés. Tenez donc ferme et ne vous laissez pas remettre sous le joug de l’esclavage.» (Gal 5,1 La distinction du pur et de l’impur, du vieux et du nouveau est un langage qui parle à l’époque de Paul.

Mais nous, aujourd’hui? Comment entendons-nous ces passages?

Je reçois une piste de réponse dans le passage de l'épîtres aux Galates: «Vous frères, c'est à la liberté que vous avez été appelés. Seulement, que cette liberté ne donne aucune prise à la chair! Mais par l’amour, mettez-vous au service les uns des autres. Car la loi tout entière trouve son accomplissement en cette unique parole: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais, si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde: vous allez vous détruire les uns les autres.» (Gal 5,13 à 15)

Ici, il est question de liberté, de responsabilité et d’amour.

Mais qu’est-ce qui nous empêche de vivre en confiance, libérés, ouverts à la vie?

En réfléchissant, je pense à la peur.

apnéeCette peur semble si présente dans notre vie personnelle, mais aussi autour de nous. Le risque de la peur est qu’elle nous empêche de réfléchir tranquillement, qu’elle nous fait prendre des décisions sans reculs, un peu trop rapide, en manque de temps et de souffle, un peu comme un plongeur «en apnée». En état de peur, il manque de respiration, de prise de distance, d’appel d’air ...
La peur n'est pas une bonne conseillère, c'est sûre, mais elle nous prend au tripes, c’est plus fort que nous, parce que nous pouvons avons le sentiment de risquer notre vie. Nous risquons de nous étouffer dans cette peur qui nous enferme comme les disciples de Jésus qui se retrouvent plein de peur après la résurrection du Christ dans la chambre fermée à clef. Le Christ les rejoint là où ils sont. Le Christ nous rejoint là où nous sommes.

Notre peur est prise au sérieux, mais en même temps elle est déplacée, dans une autre perspective: dans celle de la résurrection, cette ouverture possible dans nos vies parfois trop verouillées.

«Un peu de levain, et toute la pâte lève!»

Il faut si peu de choses pour que la vie surgisse à nouveau et malgré tout.
Il faut si peu de levain pour que la pâte de nos vies se lève et des ouvertures se créent dans nos vies.
Il faut si peu de choses pour que nous aussi nous devenions des témoins d’une parole de vie là où nous vivons.

Nous sommes relevés, remis debout, libérés,  ressuscités par quelqu’un d’autre, ainsi nous aussi, nous pouvons nous lever à notre tour pour nous engager, pour nous positionner, pour choisir sans urgence, sans manque de souffle; car ce souffle nous vient d’ailleurs.

Tel le levain dans la pâte, cette libération est contagieuse! Nous sommes appelés à être contagieux. Quand notre vie n’est plus menée par la peur, nos pouvons rayonner autour  de nous.

Je pense aux paroles de Stéphane Hessel dans son livre «Indignez-vous» que je voudrais citer ici: «Mais si, aujourd'hui comme alors, une minorité active se dresse, cela suffira, nous aurons le levain pour que la pâte lève.»

Oui, il manque si peu de choses, juste un peu de levain  pour que la pâte de nos vie se lève.

La bonne nouvelle de la résurrection est un levain dans notre vie afin de créer cette ouverture, cette brèche , cette espérance qui renouvelle nos vies et celle des autres.

Trois jours pour faire lever une pâte,
trois jours  pour arriver au matin de Pâques,
trois temps pour cheminer vers la résurrection:
Notre peur est prise au sérieux,
une parole de vie est partagée,
puis une invitation au témoignage est prononcée.

Martin Luther dit: «Lorsque tu lis «Christ est ressuscité», ajoute aussitôt: «Je suis ressuscité et tu es ressuscité avec lui», car il faut que nous soyons rendus participants de sa résurrection. »

«Je suis ressuscitée avec lui»,
n’est-ce pas un peu de levain,
n’est-ce pas un appel d’air dans nos vies parfois enfermées par des tas de choses?

Pâques est une aération dans la lourdeur de nos vies.

Laissons-nous ressusciter!
Respirons!
Soyons source d’ouverture et d’appel d’air autour de nous!

Amen

Christine Mielke