Jean Cadier était un pasteur et professeur de théologie à la Faculté de théologie protestante de Montpellier jusqu’en 1968 [1]. Une rue porte son nom dans le quartier de Tournézy.

jean-cadierJe ne sais s’il aurait aimé le terme « lanceur d’alerte », il était en tout cas un pasteur engagé et je voudrais donner un coup de projecteur sur 3 aspects de sa vie, qui correspondent à 3 moments de son ministère, qui témoignent de cet engagement. (Gérard Delteil évoquera une autre facette de la personne de Jean Cadier à travers sa prédication).

Mais auparavant, faisons un bref rappel biographique.

Biographie

vabreIl est né le 1er juillet 1898 à Vabre où son père, Gustave, était pasteur et mort à Montpellier le 28 janvier 1981. En 1916 il entre à la Faculté de théologie protestante de Montauban. Il est mobilisé en 1918 puis termine ses études en 1923 à Montpellier où la Faculté s’étiat installée depuis fin 1919. Sa thèse de bachelier en théologie (nous dirions son mémoire) est intitulée « Notes exégétiques sur le titre de Fils de Dieu dans les évangiles synoptiques », un écrit « rationaliste » dira-t-il lui-même plus tard.

Il est nommé pasteur à Valdrôme (dans la Drôme non loin de Luc en Diois) en 1923 où il reste jusqu’en 1934 [2]. Je reviendrai sur cet épisode car c’est un premier temps d’engagement. Il fait un intérim d’une année comme pasteur à Loriol en 1934-35, puis est nommé à Montpellier, au temple de la rue Brueys dit « la chapelle » en 1936 où exerce également depuis 1911 ( ! ) le pasteur Edmond Ponsoye (jusqu’en 1946 !!). Parallèlement, Jean Cadier donne des cours de théologie pratique à la Faculté.

temple brueysSes fonctions dans l’Église sont multiples et importantes : en 1933, il fait partie de la « délégation mixte », une commission chargée de rédiger une Déclaration de foi en vue de fonder une Église réformée unifiant toutes les tendances théologiques. En 1938 à Paris (Saint-Esprit) a lieu le synode constitutif de cette nouvelle « Église réformée de France - ERF », Jean Cadier en est le modérateur.

Il est président du conseil régional Cévennes et Bas Languedoc de 1938 à 1944 et membre du conseil national de l’ERF de 1938 à 1953.

Notons qu’en 1939-1940 il est aumônier militaire de la IIIème armée, fait prisonnier à Neuf-Brisach, puis libéré. Je reviendrai sur la période de la 2ème Guerre Mondiale car c’est un deuxième temps d’engagement.

En 1942, il soutient sa thèse de Licence en 1942 intitulée Le catéchisme de Heidelberg [3], traduction avec introduction historique et dogmatique.

iptEn 1945, il est nommé professeur de théologie dogmatique à la Faculté de Montpellier. En 1951, il soutient une thèse sur La doctrine calviniste de la Sainte Cène4. Il est doyen de la Faculté de 1957 à 1968, rédacteur de la revue Études théologiques et religieuses - ÉTR et membre de plusieurs sociétés savantes telles que la Société calviniste de France, la Société de l’histoire du protestantisme français, la Société d’histoire du protestantisme de Montpellier, l’Académie des sciences et lettres de Montpellier … Il est également impliqué, dès la Libération, dans l’action sociale de la cité, c’est là le troisième temps d’engagement.

En 1979, ses collègues de la Faculté de Montpellier, avec d’autres, publient un numéro spécial d’ÉTR à l’occasion de ses 80 ans. Jean Cadier décède deux ans plus tard.

Passons à ses engagements.

1er engagement : annoncer l’Évangile !

En 1923, Jean Cadier arrive donc à Valdrôme dans le Diois où il retrouve non loin un camarade de promotion de la Faculté de Montauban Henri Eberhard. Son arrivée coïncide avec ce qu’on appelle « le Réveil de la Drôme ».

L’histoire commence modestement par le ministère d’un prédicateur suisse Victor Bordigoni qui assure un intérim pastoral à La Motte Chalancon. Il n’a pas de formation théologique universitaire, mais une exceptionnelle connaissance biblique. Selon Cadier, le coup d’envoi de ce mouvement se produit à Establet (près de La Motte), exactement au temps de la moisson de la lavande, en août 1922. Il raconte : « Après la prédication, une femme se lève et dit: Mes amis, vous me connaissez. Jusqu’à présent, j’ai vécu pour mes affaires, la ferme, le troupeau. Mais, maintenant, j’ai compris. Je veux vivre pour Dieu.. »

Quelque temps après, en novembre de la même année, vingt-huit pasteurs sont réunis en pastorale à Crest. Dans cette rencontre, il se passe quelque chose. Tous les participants sont comme visités par le Saint-Esprit. Jean Cadier raconte encore : « Tous sont à genoux et de nombreuses prières d’humiliation, d’intercession, de consécration montent vers Dieu. Des réconciliations s’opèrent. La communion est prise dans une grande ferveur ».

eberhardQuatre de ces pasteurs Henri Eberhard de Dieulefit, Pierre Caron de Valréas, Jean Cadier de Valdrôme et Edouard Champendal (sur la photo de gauche à droite) Vinsobres décident alors de s’investir pleinement dans ce mouvement et constituent une équipe que l’on appelle  immédiatement « les brigadiers de la Drôme » ou « la Brigade ». Pourquoi ce nom ? Jean Cadier explique : « Nous n’en savons rien. Il nous a été donné on ne dait par qui, ni pour quoi. Il a surgi un jour, comme souvent les surnoms et nous l’avons gardé en souriant. Je crois bien que l’on nous comparait à ces gendarmes qui parcourent le pays par petits groupes … Nous avons essayé de le solenniser en nous appelant Brigade Missionnaire de la Drôme. C’était plus officiel, mais cela n’a pas pris. Nous étions la Brigade, cela suffisait. » [5]

Sa méthode est simple et rapide : haut-parleur sur le toit de la voiture, appel à la réunion d’évangélisation qui se déroule par une prédication et des chants. Dès 1923 la Brigade adopte le système des « conventions » dans le style britannique ou américain. En 1925 est lancée une revue d’édification Lematin vient qui subsiste jusqu’en 1939. Très vite, la Brigade est appelée à présider des missions dans d’autres régions de France, en Algérie et à l’étranger : Suisse, Belgique. Jean Cadier - et ses collègues - prêchent partout, connaissent tous les temples, 430 temples, il existe 300 prédications de cette époque…

En décembre 1925, elle conduit une mission à Nîmes dans les locaux des UCJG. Là, dans l’assemblée, se trouvent quatre étudiants de la Faculté de théologie de Montpellier : Jean Bordreuil, Jean Cruvellier, Pierre Guelfucci, Louis Poulain qui, une fois devenus pasteurs se lient par un pacte : en octobre 1928, à St Geniès de Malgoirès, ils font le voeu de se consacrer « entièrement et d’un seul coeur au ministère de Réveil auquel Dieu les appelle ». Ils sont connus comme le « groupe de la Gardonnenque » et organisent des conventions à Alès et Anduze…

Parallèlement le pentecôtisme est introduit en 1932 dans la Vallée du Rhône par un anglais, Douglas Scott (1900-1967). Bien des aspects de la piété pentecôtiste se trouvait dans le Réveil de la Drôme, y compris, une fois ou l’autre, la prière avec imposition des mains pour obtenir une guérison [6]. Cela a suscité des oppositions parmi les réformés : quelques pasteurs réformés se convertissent, les conseils presbytéraux sont divisés, on leur retire les clés du temple… et seul le pasteur Louis Dallière arrive à « faire le pont » et rester dans l’Église réformée malgré son opposition au baptême des enfants.

Ces expériences de « réveil » ont une influence directe sur l’unité réformée : plusieurs pasteurs, dont Jean Cadier, craignent de se faire déborder par le mouvement pentecôtiste qu’il rejette au nom de sa tradition « calviniste » qui maintient le baptême des enfants contre le baptême uniquement des adultes et qui se méfie des guérisons miraculeuses. Après le départ de Jean Cadier, la Brigade continue (grâce au pasteur Jacques Deransart) une dizaine d’année jusqu’à la Guerre et cesse la dispersion des brigadiers en
1940.

Un commentaire pour terminer sur cet engagement : le Jean Cadier de cette époque passerait aujourd’hui pour un affreux prosélyte et un protestant réactionnaire. Il appartient à la tendance évangélique du protestantisme qui met l’accent sur la conversion personnelle et ses fruits qui doivent être visibles. Les jeunes sont particulièrement visés : les réunions d’évangélisation avec chapiteaux et moyens modernes (pour l’époque) ont un but précis, détourner les jeunes gens des plaisirs profanes, fêtes foraines (vogue), alcool et bal. Cet aspect moralisateur ne se comprend que par le milieu évangélique où la foi de Jean Cadier a pris racine. Ce serait une erreur d’en faire le centre de son message et de son action délibérément missionnaire. Car le coeur de son message et de son action n’est justement pas la contrainte, une liberté qui doit pousser jeunes gens et jeunes filles à s’engager comme l’indique une « carte de décision » que chacun(e) pouvait signer : « Me reconnaissant coupable devant Dieu, je crois de coeur que Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, est mort pour mes péchés et ressuscité pour ma justification. Réconcilié avec Dieu, je me donne à Lui entièrement et m’engage à le servir fidèlement » [7]. Comme tout missionnaire, Cadier veut transformer la société pour en faire une société chrétienne, c'est-à-dire dans laquelle Dieu est honoré et les humains au service les uns des autres. Ce qui nous amène au deuxième engagement de Jean Cadier : sa résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.

2ème engagement : la résistance

À Montpellier, Jean Cadier est d’abord un acteur de la résistance spirituelle. Sa meilleure arme, la prédication, est au service du combat contre l’occupant nazi (on peut citer une prédication de juin 40 où il mentionne St Augustin sentant vaciller sous la poussée des barbares les assises du monde antique et aussi Ezechiel appelant à « mener la guerre de l’Esprit » [8], voir G. Delteil). En lien avec l’Armée du Salut, mais aussi le couvent des Dominicains, il cache chez lui « des persécutés de toute sorte » [9].

Il est l’un des rédacteurs principaux - avec le professeur montpelliérain René Courtin (1900-1964) [10] et le pasteur de Lyon Roland de Pury (1907-1979) des « Thèses de Pomeyrol », Pomeyrol étant une propriété appartenant à l’Église réformée à St-Etienne du Grès (près des Baux de Provence) abritant une maison de retraite [11]. Les thèses de Pomeyrol sont un texte de protestation en réaction aux deux statuts des juifs adoptés par le Régime de Vichy.

Les deux statuts des juifs

D'octobre 1940 à la fin de 1942, l'État français adopte et publie au Journal officiel plus d'une centaine de textes juridiques, décrets et lois visant les juifs [12]. En interdisant à ces derniers certaines professions et en les dépouillant d'une partie de leurs biens, les autorités de Vichy contribuent indiscutablement à les affaiblir et à les marginaliser. Cette politique délibérée (mais rarement revendiquée publiquement) repose sur un véritable arsenal législatif dont la pièce maîtresse est précisément le statut des juifs. Toute la législation antijuive de Vichy a relevé de ce statut qui, pour la première fois en France, donne une définition juridique des juifs et détaille les fonctions et professions qui leur sont dès lors interdites

Deux statuts des juifs, rédigés à l'initiative, sous l'autorité et la signature de Philippe Pétain, ont en fait été adoptés dès la première année de « l'État français ». Le premier, daté du 3 octobre 1940 et le second, qui complète et remplace le précédent, est daté du 2 juin 1941.

Le premier statut des juifs marque sans conteste le point de départ d'un antisémitisme d'État et interdit un certain nombre de professions aux juifs. En France, alors que rien ne distinguait les juifs des non-juifs, ce statut remet en effet en question, pour la première fois depuis 1791, la place des juifs au sein de la société.

Le second statut n'introduit pas de changements fondamentaux. Il donne surtout une définition plus large des juifs puisqu'il suffit d'avoir « deux grands-parents de race juive » pour être considéré comme juif, sauf si on peut prouver qu'une conversion à une autre religion est intervenue avant la date du 25 juin 1940 (art. 1er). Ce statut étend aussi la liste des professions interdites aux juifs : banquier, agent immobilier, courtier... (art. 5) et précise les modalités (très compliquées) à remplir pour pouvoir simplement demander à bénéficier d'une dérogation (art. 8).

Les thèses de Pomeyrol

Ces lois antisémites indignent des chrétiens catholiques et protestants qui se solidarisent de la communauté israélite. (Certains avaient réagi dès 1933 - W. Monod - et surtout 1938 - A.N. Bertrand) Marc Boegner, président de la FPF écrit une lettre de soutien au Grand Rabbin Schwartz le 26 juin 1941. Mais beaucoup de pasteurs aimeraient une prise de position officielle, synodale. Marc Boegner, Willem Visser ’t Hooft (sec. du Conseil oecuménique de Églises) et Suzanne de Dietrich organisent une réunion oecuménique (accolée à une rencontre de la Post-Fédé) destinée à donner « le message de l’Église » au monde et « examiner ce qu’il nous semble qu’il doive être dans les circonstances difficiles et douloureuses que celle-ci traverse » [13].

Les 16 et 17 septembre 1941, « quelques pasteurs et fidèles » sont donc réunis à Pomeyrol « pour rechercher ensemble ce que l’Église doit dire aujourd’hui au monde ». Les quelques pasteurs et fidèles de cette conférence un peu spéciale (on n’est pas dans le cadre d’une commission mandatée par un synode) sont en fait 15 pasteurs et 3 laïcs. Seuls deux pasteurs participant à la réunion refuseront de signer : Henri Eberhardt qui reste fidèle l’idéal de la Révolution nationale et Henri Clavier, professeur à la Faculté de théologie de Montpellier (peut-être parti avant la fin).

thesesLes huit « thèses » abordent les rapports de l'Église et de l'État, les limites de l'obéissance à l'État et le respect des libertés essentielles. Elles sont influencées par un texte allemand appelé « Confession de Barmen » datant de 1932 élaborée par les protestants de « l’Église confessante » opposée au régime hitlérien ainsi que par les écrits du théologien suisse Karl Barth.

Nous n’avons pas le temps de regarder en détail mais on peut découper ces thèses en trois parties :

  • Préambule
  • A. 1 à 5 : La relation juste entre l’Église et l’État,
  • B. 6 à 8 : Les conséquences éthiques de cette obéissance : la condamnation de l’antisémitisme et de la collaboration, appel à la résistance spirituelle.

On note l’omniprésence de « l’Église » : de sa fonction et de son rôle dans la situation historique présente, notamment en abordant la nature de son lien avec l’État. Lieu duquel on est en droit d attendre une parole publique qui confesse, l’Église est systématiquement présentée en articulation avec l’Écriture, qui est ici la principale instance critique permettant une parole vraie.

Je ne cite que deux extraits significatifs :

  • la thèse 7, qui marque un refus explicite du statut des juifs : « Fondée sur la Bible, l'Église reconnaît en Israël le peuple que Dieu a élu pour donner un sauveur au monde et pour être, au milieu des nations, un témoin permanent du mystère de sa fidélité. C'est pourquoi, tout en reconnaissant que l'État se trouve en face d'un problème auquel il est tenu de donner une solution, elle élève une protestation solennelle contre tout statut rejetant les Juifs hors des communautés humaines » (Rom 11, 1-36).
  • la thèse 8, qui utilise explicitement le terme de résistance spirituelle : « Dénonçant les équivoques, l'Église affirme qu'on ne saurait présenter l'inévitable soumission au vainqueur comme un acte de libre adhésion. Tout en acceptant les conditions matérielles de la défaite, elle considère comme une nécessité spirituelle la résistance à toute influence totalitaire et idolâtre » (Ez 28, 2-9 ; Dn 3 ; Mt 5,37 ; He 12,4).

Jean Cadier au maquis

Ces thèses sont diffusées, publiées dans la presse protestante (Fédé) et oecuménique et servent donc à encourager un certain nombre de chrétiens dans leurs actions de résistance. Jean Cadier manque de se faire arrêter par la Gestapo en 1944, il a juste le temps de s’enfuir. Sa tête est mise à prix pour 1,5 millions de francs. Il rejoint à ce moment là le maquis du Sidobre, puis celui de Vabre (pays de sa naissance !) dont il est l’aumônier pendant deux mois.

On a retrouvé récemment discrètement plié en quatre et dissimulé dans un livret une feuille à entête du Syndicat Intercommunal d’électrification que préside Henry de Rouville, le père de Pol Roux, alias Guy de Rouville. Cette feuille était adressée par Jean Cadier à une famille de la région, il avait dactylographié au verso les thèses de Pomeyrol !

Voici ce qu’il écrit dans un texte de 1944 à propos des cultes dans le maquis : « Nous sommes reportés au temps du Désert, ce sont les mêmes chants, les mêmes lectures, les mêmes courages indomptables, les mêmes refus de la conscience deplier devant la force brutale, la même volonté d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » [14].

3ème engagement : le Foyer de la jeune fille [15]

De retour à Montpellier à la fin de l’année 1945 (il avait servi comme aumônier de la 1ère armée et accompagné le Général de Lattre), Jean Cadier reprend son enseignement, en dogmatique, à la Faculté de théologie mais il est également membre du Comité de la libération.

Progressivement, le Programme du Conseil National de la Résistance [16] se met en place. Dans l’article II §4 (Mesures à appliquer dès la libération du territoire) figure « le respect de la personne humaine ». Ceci motive la création de plusieurs ligues dont, en 1945 à Paris, « Ligue française pour le relèvement de la moralité publique » et le « Cartel d'Action Morale » qui combattent la prostitution. En 1946, les deux structures fusionnent en « Cartel d' Action Morale et Sociale » dont le siège est à Paris mais qui comporte des sections en province.

La caractéristique de ces sections provinciales est que tous les courants de pensée sont représentés : Associations familiales, Mouvements de Jeunesses Communistes, J.O.C. et U.C.J.G, Scoutisme, Mouvements féministes de différentes tendances, Prêtres, Pasteurs, Officiers de l'Armée du Salut…

Le 24 mai 1946 paraît au J.O. la fondation du « Cartel d'Action Morale et Sociale de Montpellier ». Son but est de : « lutter contre les fléaux sociaux et pour la moralité publique ». Son siège social n’est autre que le domicile du pasteur Jean Cadier, 23 bd. Renouvier à Montpellier !

C’est dans ce cadre qu’en avril 1946 est fondé « l'Abri Languedocien » avec comme président Jean Cadier et Directrice Marguerite Bosc. L'article 1 des statuts rappelle que l'association - Abri Languedocien - fondée en avril 1946, a pour but de venir en aide aux mineurs, plus spécialement aux filles-mères délinquantes ou inadaptées … Elle a son siège social à Montpellier, au manoir Montmaur Cottage, route de Mende. En effet la ville de Montpellier avait acheté en décembre 1946 le « Montmaur Cottage » à Lorens Simon Nahmens pour la somme de 1 300 000 francs. (une maison de 600 m2, des dépendances et un grand terrain). La ville vendra la propriété à l’association en 1963. Ensuite les bâtiments ne cessent de se transformer. L'article 2 précise ses moyens d'actions : « Principalement, un internat fournissant outre le foyer, la nourriture et le logement, la possibilité d'une rééducation morale et professionnelle et le reclassement des pensionnaire.  Accessoirement, la création et la gestion d'un home de semi-liberté, d'un service de placement, de services sociaux et de tous autres moyens tendant au même but de relèvement ».

Conclusion

Nous nous sommes focalisés sur trois engagements de Jean Cadier. Naturellement il y en eu bien d’autres, impossibles à résumer parce qu’ils s’étendent sur de longues années, dans la durée et la fidélité. Nous pensons à son ministère pastoral et son ministère doctoral à la Faculté de théologie.

À première vue, on pourrait caractériser les trois engagements que nous avons décrits comme très différents :

  • un engagement religieux, avec l’évangélisation de la Brigade
  • engagement politique avec la résistance
  • engagement social avec l’Abri languedocien

Mais ce pourrait bien être qu’une illusion. Ces trois engagements, ces « alertes » lancées en direction de la société n’étaient au fond que trois engagements motivés par sa foi chrétienne, évangélique, profondément enracinée et véritable moteur de son existence.

Auteur: Gilles Vidal, Institut Protestant de Théologie - Faculté de Montpellier (Gazette Café, Montpellier, le 28 septembre 2017)

 Références:

[1] Voir sa notice dans Patrick CABANEL, André ENCREVÉ, Dictionnaire biographique des Protestants, t. 1, Paris, Les Éditions de Paris Max Chaleil, 2015.

[2] Jean CADIER, Le matin vient, Lyon, Olivétan, 2005, p. 39-41.

[3] Datant de 1563, le catéchisme de Heidelberg est un résumé de la foi réformée utilisé jusqu'au XXème siècle. Voir la nouvelle traduction et introduction : Pierre-Olivier LÉCHOT éd., Catéchisme de Heidelberg, Genève, Labor et Fides, 2013.

[4] Jean CADIER, La doctrine calviniste de la Sainte Cène, Valence, Impr. réunies, 1951.

[5] P. CADIER, Le matin vient, p. 32.

[6] Ibid., p. 68.

[7] Ibid. p. 74.

[8] A. ENCREVÉ, P. CABANEL, Dictionnaire biographique, p. 545.

[9] https://maquisdevabre.wordpress.com/quelques-acteurs/le-pasteur-cadier/

[10] Juriste et économiste de Montpellier qui a déjà rejoint un mouvement de résistance à Paris. Il participe à l’élaboration du programme économique de la Résistance et devient, à la Libération, secrétaire général provisoire à l’économie nationale ; co-fondateur du journal Le Monde et de Réforme.

[11] Pour une exposition détaillée des thèses et leur réception voir Patrick CABANEL, De la paix aux résistances, Paris, Fayard, 2015, p. 179 sq.

[12] Voir les détails : Claude SINGER, Encyclopédie Universalis 2011.

[13] P. CABANEL, De la paix, p. 181.

[14] « L’Église et le maquis », Centre Protestant d’Études et de Documentation, 1944. 

[15] Voir : Henri Riols, « Histoire de l’abri languedocien », en ligne : http://www.alpj.org/abri/presentation/historique.htm#fondateurs

[16] Texte : https://fr.wikisource.org/wiki/Programme_du_Conseil_national_de_la_R%C3%A9sistance