Comment oser le pardon alors qu'il semble si souvent voué à l'échec ? Le pardon est le thème central du CEP de novembre 2015  (no. 590). L'édito d'Anne Heimerdinger, rédactrice en chef du CEP est en exclusivité pour et en libre accès  sur le site de l'Église Protestante Unie de Montpellier & Agglomération. D'autres articles dans cette thématique sont :  Les mains vertes, l’esprit aussi par Sigrid Hansen-Catania, Remets-nous nos dettes... par Didier Fievet. Ailleurs dans le CEP entre autres : Gammes, défendre la personne fragilisée, Grand Kiff 2016: Top départ, Toute l'actualité régionale protestante. Le CEP est le mensuel d'information de l'Église Protestante Unie en Cévennes-Languedoc-Roussillon. Lisez l'édito d'Anne Heimerdinger et trouvez toute information pour s'abonner au CEP ici.

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L'article de ce mois en exclusivité pour l'EPUMA:

 

Pas si simple ...

par: Anne Heimerdinger, rédactrice en chef du CEP

Violence, humiliation, trahison, vol, perte d’un être cher… On peut avoir beaucoup souffert, des difficultés à s’en relever, il faut pourtant mettre un point final au mal. Le seul chemin de réelle guérison est celui du pardon qui délivre de sa dette de haine. Cependant pardonner exige moins de vertu que de l’accorder. Comment affirmer «  c’est oublié, n’en parlons plus ? » lorsqu’on fait référence aux règlements de compte, aux actes de cruauté gratuits, aux trahisons, aux holocaustes, aux goulags, aux génocides… Comment pardonner l’impardonnable ?... Pardonner, ce n’est pas valider ni excuser.  Ce n’est pas non plus une faveur ou une autorisation donnée à l’autre pour recommencer.

Le pardon aujourd’hui est mis en avant d’abord pour soi-sans référence nécessaire au domaine de la foi d’ailleurs. Il serait un remède qui annulerait les effets du jugement de la rancune, de la culpabilité, tous ces sentiments qui rongent la vie de l’intérieur. Justement, son cheminement est long, difficile et particulièrement inquisiteur : mise à nu, remise en cause, prendre sa part de responsabilité, accepter ses limites et celles des autres.

Parmi nos méthodes pour s’en sortir, on adopte facilement ce système de survie efficace : on oublie, on rationalise, on normalise et on passe à autre chose. Quelquefois, on se donne l’illusion de contrôler la situation : « S’il a levé la main sur moi, c’est que finalement, je l’ai un peu cherché ! » On se blâme, on culpabilise mais on éteint aussi le peu d’estime de soi que l’on garde encore.

Et puis, pardonner qui ? Pardonner quoi ? Après tout, sous les feux des projecteurs et de l’attention, être une victime donne une identité blessée certes et une reconnaissance qui déclenche la compassion.

Mais, le pardon est plus large et invite à faire un pas plus loin : il dit la souffrance et la colère, l’injustice qui frappe, il est confrontation à l’autre. Il dénonce le mal et redonne une juste place à chacun sans préjuger du résultat (rejet, sanction…). Il est un parcours libérateur qui délivre la vie du mal… Tiens, ça ne vous rappelle rien ?