Le dossier du CEP du mois de janvier 2016 est consacré à l'animal, ou plutôt à la rélation entre l'homme et l'animal.  Également dans le CEP : Roanne, une petite Église mobilisée, Anne Colombero : s'engager pour servir, Bande dessinée et immigration, Toute l'actualité régionale protestante. Le CEP est le mensuel d'information de l'Église Protestante Unie en Cévennes-Languedoc-Roussillon. Lisez l'édito sur l'animal d'Anne Heimerdinger en libre accès et trouvez toute information pour s'abonner au CEP ici.

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L'édito de ce mois en exclusivité pour l'EPUMA :

 

L'animal, l'autre sujet sensible

A défaut d’envahir notre espace vital (c’est l’inverse qui se produit), les animaux ont colonisé notre langage, parfois pour le meilleur : mon canard, mon poulet, ma biche, et pour le pire : quel porc ! c’est une oie blanche, ou quelle dinde ! Cette ambivalence du langage traduit bien les rapports ambigus que l’homme entretient avec l’animal. Tour à tour fidèle ami de l’homme, vénéré un peu béatement, il est le plus souvent aujourd’hui exploité, instrumentalisé, sacrifié, dévoré, considéré comme quantité négligeable ou comme objet de loisir.

Il existe un contraste saisissant entre la vive affection témoignée aux compagnons domestiqués à l’abri dans nos maisons et l’indifférence quasi générale réservée au sort des bovins, porcs, volailles, ou des bêtes sauvages abattues pour glorifier l’homme…

Finalement, comme celle des droits de l’homme, la question du droit des animaux, revient sur le devant de la scène, parce qu’elle met en jeu l’altérité, l’autre à qui on reconnaît une autonomie, la qualité de « sujet » et non plus d’objet en interaction ou en friction avec notre toute puissance, nos habitudes et notre avidité justifiant beaucoup de situations humainement injustifiables... Exploiter l’animal en vue de l’instrumentaliser est une négation de son droit à vivre et ne se justifie donc pas moralement.

Sur un plan biblique, l’animal est une créature de Dieu qui appartient à la diversité de la création. Si l’homme peut consommer l’animal, non seulement sa vie ne lui appartient pas (Genèse 9.3-4), mais il est responsable de leur dignité, indubitablement liée à la sienne ! Nul être vivant n’est un objet, ni un réservoir symbolique inépuisable.
« Tu dis que tu aimes les fleurs, et tu leur coupes  la queue. Tu dis que tu aimes les chiens, et tu leur mets une laisse ; tu dis que tu aimes les oiseaux, et tu les mets en cage. Tu dis que tu m’aimes. Alors, moi j’ai peur ! » Jean Cocteau

Texte : Anne Heimerdinger