Carême, pain et partage : c'est le thème du dossier du CEP du mois de mars 2016. Les repas dans la Bible, le sens ou non-sens du Carême, carrément protestant, le saint snack ...  Ailleurs dans le CEP : Radio Alliance à Nîmes, la rencontre œcuménique et festive à Monaco, une autre rencontre œcuménique à la Paillade à Montpellier, voyage en Syrie,  toute l'actualité régionale protestante. Le CEP est le mensuel d'information de l'Église Protestante Unie en Cévennes-Languedoc-Roussillon. Lisez  l'article du dossier Le carême a-t-il encore un sens ? de Jean-Marie Delcourt Jacon en libre accès sur notre site et trouvez toute information pour s'abonner au CEP ici.

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Un article du dossier de ce mois en exclusivité pour l'EPUMA :

 

Le carême a-t-il encore un sens ?

 

Le carême est un temps particulier qui s’articule traditionnellement autour
du jeûne, du partage et de la prière. Une période de retour sur soi qui
part de nous pour aller à Dieu. Et si nous nous laissions trouver ?

Le carême est la période de quarante jours pendant laquelle les chrétiens se préparent à la célébration de la mort et de la résurrection de Jésus. Comme on ne compte pas les dimanches,considérés comme des jours festifs, le premier jour du carême tombe un mercredi, appelé « mercredi des Cendres », en référence au verset de l’Écclésiaste : « Tous ont été tirés de la poussière, tous retourneront à la poussière ». (Qohéleth 3.20)
Ce chiffre 40 est symbolique, il représente dans la Bible un temps d’attente et de maturation spirituelle. Ce sont les quarante jours du déluge. Les hébreux sont restés quarante ans dans le désert avant d’entrer en Terre promise. Moïse est resté quarante jours au Sinaï avant de recevoir les dix commandements. Le mot carême lui-même vient du latin « quadragesima », qui signifie « quarantaine ». A l’origine, temps de prière, de pénitence et de jeûne en souvenir des quarante jours passés par Jésus au désert, à l’aube de sa vie publique, il fut progressivement consacré à la formation des catéchumènes qui étaient baptisés lors de la veillée de Pâques.

Pour soi, pour l’autre

Aujourd’hui, le jeûne fait problème autant que l’abstinence de viande. Jésus, lui, n’a jamais été favorable aux interdits alimentaires : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui fait l’homme impur… » (Matthieu 15.11). De plus la tradition protestante s’en méfie, dans la crainte d’associer ces pratiques à des oeuvres imposées et méritoires.
Il n’est cependant pas interdit de chercher des alternatives, d’aller, par exemple, dans le sens d’Ésaïe qui a spiritualisé le jeûne : « Le jeûne que je désire, dit Dieu, c’est de donner à manger à ceux qui ont faim… » (Ésaïe 58.7) Ici, deux chemins s’ouvrent à nous. Celui qui initierait un carême centré sur le partage et qui proposerait des actions d’entraide avec les pauvres du quart et de tiers monde. L’autre chemin, inviterait à réfléchir à son alimentation. Se nourrir n’est pas un geste anodin. Ici, on meurt de trop manger, là-bas, c’est de faim que l’on meurt. Regardons l’origine des produits que nous consommons. Favorisons le commerce équitable pour mieux rémunérer les producteurs du Sud comme du Nord (comme les Amap – associations pour le maintien d’une agriculture paysanne).

Opération conversion

Le carême se présente aujourd’hui comme une période de recueillement, de remise en question de notre façon de vivre, non pour reprendre ses vieilles habitudes après Pâques mais pour commencer une démarche de conversion. Ainsi chacun est invité à se recentrer sur l’essentiel, sur le nécessaire, en s’allégeant du superflu, en consacrant plus de temps à la prière et à la méditation, en raisonnant son alimentation et en partageant son temps, son bien-être, ses dons avec les autres, surtout les plus faibles d’entre nous. Comment ? On peut vivre le carême en laissant la Vie nous envahir, nous traverser et nous transformer, pour qu’elle se répande autour de nous. Elle peut opérer en nous un retournement qui nous fasse retrouver la Source qui nous habite. En Matthieu 26.18, il est écrit : « Le Maître te fait dire : “Mon temps est proche, c’est chez toi que je vais faire la Pâque” ». Cette parole du Christ convie chacun, chacune : mon temps est proche.
C’est le temps du déploiement de mon amour pour toi. Veux-tu me laisser donner à ton temps humain, à ton quotidien un sens plus large encore ?


Jean Marie DELCOURT, comité de rédaction du Cep