Au mois de juin 2016 on rit dans le CEP. L’humour, est-il inné, culturel, transmissible ? Pas si simple, car, pour y accéder, il faut effectuer d’abord un travail sur soi et pratiquer l’autodérision. Lisez tout sur l'humour ce mois dans le CEP. Dans l’Évangile, l’humour est au service de la foi, Traces d’humour dans l’Ancien Testament, L’humour est la politesse de la foi, Je ris… Donc je suis !. Ailleurs dans le CEP : Albert Schweitzer, le musicien, Le domaine des Courmettes,  Toute l'actualité régionale protestante. Le CEP est le mensuel d'information de l'Église Protestante Unie en Cévennes-Languedoc-Roussillon. Lisez l'article d'Olivier Arnéra sur la Compagnie Sketch Up en libre accès sur notre site et trouvez toute information pour s'abonner au CEP ici.

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Un article du dossier de ce mois en exclusivité pour l'EPUMA :

Heureux qui savent rire

cep juin2016

L’humour est la politesse de la foi
Quand l’art vivant, le théâtre si vous préférez, se met au service de l’Évangile, c’est avec une bonne dose de légèreté et de joie de vivre. C’est en tout cas la forme que privilégie Olivier Arnéra pour les créations de la Compagnie Sketch Up. Il s’en explique. L’Évangile est une nouvelle bonne et joyeuse, qui fait du bien et donne envie de se relever. C’est pourquoi, dans nos créations de la Compagnie Sketch Up, j’ai privilégié l’esprit de la comédie plutôt que celui de la tragédie.
La comédie ou la tragi-comédie s’attaque à cet esprit de gravité très prisé dans l’élite culturelle française. La comédie joue et se joue des événements.
Les corps sont présents, se tordent, gesticulent, tombent certes, mais pour mieux se relever. Les mots sont ceux du quotidien, mais travaillés du côté de la surprise, du jeu, de l’inouï. Dans les comédies enfin, tout finit de manière ouverte. Le point final est souvent, point d’exclamation, d’interrogation ou de suspension.

La force de l’humour
L’humour est une force, dans les lieux les plus sordides et les temps les plus inhumains, il sert d’autodéfense, de protection. Même dans la « jungle » de Calais, les migrants chantent, dansent et rient. L’humour est un défi, un caillou lancé au front de l’ennemi, comme le caillou du jeune David au front du géant Goliath. L’humour est un point de vue, une légèreté volontaire, un jeu avec les situations. Il rejoint quelque chose de l’Évangile qui passe par la désespérance de la croix et la dépasse par l’annonce de la résurrection. Cette force, on peut l’acquérir, la travailler, apprendre à se décoller de soi-même, chercher cette liberté intérieure qui permet de prendre du recul. On peut aussi la déployer dans la transmission de l’Évangile. L’humour, disait Boris Vian, est la politesse du désespoir. Pour ma part, j’ai tendance à penser qu’il est aussi la politesse de la foi, une sorte d’hygiène de l’âme, car pour parler de l’essentiel, rien ne vaut la légèreté souriante.

Il y a rire et rire
Malheureusement, la majorité des comiques actuels s’exprime par la dérision, en France, une voie obligée pour la communication. Or, la dérision est profondément nihiliste qui ne prend pas en compte la dimension spirituelle de l’être humain. La dérision me lasse. En revanche, le rire que j’aime est celui des enfants. Ouverts, prêts à la surprise, il nous apprend l’irrévérence, si proche de l’attitude de Jésus qui mettait le monde à l’envers, proclamant les premiers en dernier, les prostituées avant les autres dans le Royaume… C’est l’échappée belle, dont parle Cynthia Fleury dans Les irremplaçables : « Si l’humour déstabilise autant, c’est parce qu’il échappe au pouvoir. Il ne croit pas en lui. Il refuse la normalisation qu’il propose, il la décrédibilise. » L’humour spirituel a donc un bel avenir devant lui. André Comte Sponville écrit d’ailleurs : « Si les fidèles avaient le sens de l’humour, que resterait-il de la religion ? » À mon avis, il resterait l’essentiel, car la religion n’est en rien réductible à ses caricatures et à ses dysfonctionnements. Il resterait l’essentiel, une déclaration de foi du côté de la joie.

Olivier ARNÉRA, fondateur de la Compagnie Sketch Up.