Une méditation de Susan Gabus.

pentecote200x200Pentecôte – en grec πεντηκοστή (pentékosté), qui veut dire « cinquantième – c’est-à-dire le cinquantième jour après Pâques. Et rien que cela nous rappelle, encore une fois, les racines profondément juives de la religion chrétienne : la Pâque et Pentecôte étaient déjà des fêtes juives.

C’est pourquoi, en ce jour de Pentecôte de l’année plus au moins trente-trois de notre ère, Jérusalem est pleine comme un œuf : des pèlerins venus pour participer à cette fête de la moisson. Des pèlerins juifs, mais aussi beaucoup de ceux que les juifs appellent les « craignant-Dieu » : des non-juifs, incirconcis, qui adorent le Dieu d’Israël.

Ils sont venus de partout dans l’empire romain – et même de plus loin. Luc, dans le livre des Actes (ch. 2, versets 9-11) nous en donne la liste : Parthie, Médie, Elam, Mésopotamie, Judée, Cappadoce, Le Pont, Asie, Phrygie, Pamphylie, Egypte, Cyrène en Libye, Rome, Crète et Arabie. Une belle collection d’étrangers ! – car même les Juifs de la Diaspora sont différents des natifs de Jérusalem – par l’habillement, les coutumes, le dialecte aussi. Les rues de Jérusalem sont transformées en Tour de Babel !

Les disciples de Jésus se terrent. Ils sont déjà une bonne petite communauté : environ 120, nous dit Luc. Ils s’entassent dans une maison, sans doute celle de la mère de Jean-Marc, et ils y restent enfermés. Il y a deux raisons à cela. D’abord, les rues de Jérusalem sont remplies de ces étrangers tout excités par la fête. Dans une telle foule éclatent souvent des discussions, des rixes, et même des émeutes. Les soldats romains sont sur le qui-vive. Ce n’est pas le moment, pour les membres de cette nouvelle secte, de se faire remarquer !

Mais il y a autre chose. Le Ressuscité, après avoir « fréquenté » ses disciples pendant plus d’un mois, a disparu, leur laissant un ordre en une promesse : « Ne quittez pas Jérusalem, mais attendez ce que le Père a promis » (Actes 1 :4) »Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, en Judée, en Samarie, et jusqu’au bout du monde » (Actes 1 :8)

Donc, ils attendent – ensemble, assis, dans la prière – peut-être une prière silencieuse qui écoute, qui espère …

Nous savons bien ce qui va arriver : le vent violent qui secoue la maison (sans la renverser), les « langues de feu » qui se posent sur chacun d’eux (sans les brûler). Ces phénomènes, je les vois un peu comme des panneaux publicitaires qui annoncent aux disciples : « Voici la puissance promise qui vous secoue et vous envoie dehors, vers la foule, vers les autres. Voici le feu de Dieu qui permettra à chacun de vous (vieillards et enfants compris) de parler à toute ce monde de ce que vous avez vécu avec Jésus le Christ ».

Et le double miracle se produit. Ces disciples apeurés, cachés dans la maison – eh bien, ils explosent dans les rues, ils y font du bruit ! Et ils parlent – ils parlent à tous les étrangers, sans discrimination. Et sans retenu : les mots viennent tout seuls. Et dans la foule chacun entend parler dans sa propre langue !

Chacun entend. Beaucoup comprennent et croient. Pierre prend la parole. Luc dit 3000 convertis ! Même si Luc a un peu enflé le chiffre dans son enthousiasme, voilà un premier résultat à faire pâlir d’envie n’importe quel prédicateur.

Le jour de la Pentecôte, le Saint-Esprit a sais cet embryon d’église repliée sur elle-même et en a fait une église de témoins qui a changé la face du monde. Que ne pourrait-il faire de nous, si on se mettait à l’espérer, à l’attendre, à l’écouter ?

Susan Gabus, prédicateur laïque de l'Église Protestante Unie de Montpellier & Agglomération