pentecote200x200 Une méditation d'Ekkehard Lagoda :

Dans son épitre aux Romains (8,1-4,9-11) l'apôtre Paul discerne la vie sous l'empire de l'Esprit d'une vie sous l'empire de la chair. Pour mieux comprendre la pensée paulinienne je vous raconte un conte irlandais : l'histoire des hommes du village Swabeedoo.
Il y a longtemps les petits hommes, les habitants du village Swabeedoo, étaient très, très heureux. Ils couraient avec un sourire jusqu'au bout des oreilles et saluaient cordialement chaque personne rencontrée.


Ce que les hommes aimaient le plus était de s'offrir mutuellement un cadeau, une petite peau (fourrure). Chaque habitant du village portait sur son épaule un petit sac rempli de jolies peaux souples. Chaque fois quand ils  se rencontraient ils s'offraient un petit cadeau. Leur vie en communauté était heureuse.

Mais hors du village un lutin vivait dans une caverne sombre. Un jour il rencontrait un des habitants du village qui était très gentil et offrait au lutin la plus jolie peau. Je l'ai gardée pour toi, parce que nous nous rencontrons très rarement. Le lutin regardait tout autour de lui, pour que personne n'ait la possibilité de l'entendre. Il prenait son bras et le posait autour des épaules de l'autre et lui disait: Écoute, tu ne le sais pas? Si tu donnes toutes tes petites peaux, tu les perdras toutes. Tu n'en auras plus. Sois prudent ! Ne fais plus de cadeaux. Le lutin s'en allait. Il quittait un homme tout confus.

Peu après le petit homme croisait un ami. Ils s'étaient déjà souvent offerts des peaux. Mais ce jour le petit homme ne souriait pas. Il regardait son ami et disait : il vaut mieux faire attention à tes peaux. Si tu les offres tu n'en auras plus! Et il prenait son sac et disparaissait.

Bientôt, cette nouvelle passait de bouche en bouche et chacun commençait à faire attention à ses fourrures. Quand ils se rencontraient, ils tenaient ferme leur sac et disaient : je regrette d'avoir à dire que je n'ai plus de peaux pour toi. Il faut que je fasse attention pour qu'elles ne s'épuisent pas. De temps en temps on continuait à offrir des fourrures, mais prudemment. D'abord on réfléchissait si l'autre personne avait vraiment mérité ce cadeau.

La suite était que les habitants de Swabeedoo commençaient à se disputer :  qui avait le plus grand nombre de fourrures?  Ils commençaient également à échanger des fourrures au lieu de les faire cadeau. Il y avait même des cas de vols. Dans la soirée ils craignaient pour leurs vies et ils avaient peur les uns des autres. Et le pire était que les habitants de Swabeedoo tombaient malade.

Ils souffraient de douleurs dans leurs épaules et leurs dos. Ils se tenaient courbés en marchant, n'aperçevaient plus mutuellement leurs visages. Les sacs trainaient par terre. Beaucoup de personnes dans le village supposaient que le poids du sac était la raison de la maladie et ils proposaient de les enfermer à la maison. Et vite personne ne se montrait dans la rue avec un sac.

Pour terminer: l'apôtre Paul dirait peut-être: au début les habitants de Swabeedoo vivaient sous l'Empire de l'Esprit, mais maintenant ils vivent sous l'empire de la chair. D'abord moi, d'abord ma prospérité, le plus important est que je vais bien. après moi le déluge! Autrefois ils étaient libérés et sans soucis, l'Esprit tendait à la vie et à la paix (verset 6), maintenant ils sont guidés par la peur.     

L'apôtre nous encourage. Vous n'êtes pas sous l'empire de la chair mais sous l'empire de l'Esprit. L'Esprit habite en vous. Cet Esprit n'a jamais disparu. Si nous nous faisons inspirer par cet Esprit au Pentecôte, les structures dévastatrices cèderont aux structures encourageant la vie communautaire. Concrètement parlé: comme le souci a trouvé son chemin dans la vie du village, une personne pourrait commencer à offrir des cadeaux. Une personne pourrait commencer pour qu'un nouvel Esprit retourne au village.

Pasteur Ekkehard Lagoda, Bad Kreuznach (Allemagne)