Il n’est pas si fréquent de lire en chaire une généalogie de l’Ancien Testament. Toutefois,  nous savons tous qu’une généalogie dans la bible n’est pas seulement une enfilade de noms pour nous aider à compter les années qui passentUne généalogie biblique énonce une théologie, une manière de présenter Dieu, de décrypter son agir dans notre monde.

arbreGenèse 5 et 6v 1 à 8

Voici le livre de la postérité d'Adam. Lorsque Dieu créa l'homme, il le fit à la ressemblance de Dieu.
Il créa l'homme et la femme, il les bénit, et il les appela du nom d'homme, lorsqu'ils furent créés.
Adam, âgé de cent trente ans, engendra un fils à sa ressemblance, selon son image, et il lui donna le nom de Seth.
Les jours d'Adam, après la naissance de Seth, furent de huit cents ans; et il engendra des fils et des filles.
Tous les jours qu'Adam vécut furent de neuf cent trente ans; puis il mourut.
Seth, âgé de cent cinq ans, engendra Énosch.
Seth vécut, après la naissance d'Énosch, huit cent sept ans; et il engendra des fils et des filles.
Tous les jours de Seth furent de neuf cent douze ans; puis il mourut.
Énosch, âgé de quatre-vingt-dix ans, engendra Kénan.
Énosch vécut, après la naissance de Kénan, huit cent quinze ans; et il engendra des fils et des filles.
Tous les jours d'Énosch furent de neuf cent cinq ans; puis il mourut.
Kénan, âgé de soixante-dix ans, engendra Mahalaleel.
Kénan vécut, après la naissance de Mahalaleel, huit cent quarante ans; et il engendra des fils et des filles.
Tous les jours de Kénan furent de neuf cent dix ans; puis il mourut.
Mahalaleel, âgé de soixante-cinq ans, engendra Jéred.
Mahalaleel vécut, après la naissance de Jéred, huit cent trente ans; et il engendra des fils et des filles.
Tous les jours de Mahalaleel furent de huit cent quatre-vingt-quinze ans; puis il mourut.
Jéred, âgé de cent soixante-deux ans, engendra Hénoc.
Jéred vécut, après la naissance d'Hénoc, huit cents ans; et il engendra des fils et des filles.
Tous les jours de Jéred furent de neuf cent soixante-deux ans; puis il mourut.
Hénoc, âgé de soixante-cinq ans, engendra Metuschélah.
Hénoc, après la naissance de Metuschélah, marcha avec Dieu trois cents ans; et il engendra des fils et des filles.
Tous les jours d'Hénoc furent de trois cent soixante-cinq ans.
Hénoc marcha avec Dieu; puis il ne fut plus, parce que Dieu le prit.
Metuschélah, âgé de cent quatre-vingt-sept ans, engendra Lémec.
Metuschélah vécut, après la naissance de Lémec, sept cent quatre-vingt deux ans; et il engendra des fils et des filles.
Tous les jours de Metuschélah furent de neuf cent soixante-neuf ans; puis il mourut.
Lémec, âgé de cent quatre-vingt-deux ans, engendra un fils.
Il lui donna le nom de Noé, en disant: Celui-ci nous consolera de nos fatigues et du travail pénible de nos mains, provenant de cette terre que l'Éternel a maudite.
Lémec vécut, après la naissance de Noé, cinq cent quatre-vingt-quinze ans; et il engendra des fils et des filles.
Tous les jours de Lémec furent de sept cent soixante-dix sept ans; puis il mourut.
Noé, âgé de cinq cents ans, engendra Sem, Cham et Japhet.

Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la face de la terre, et que des filles leur furent nées,
les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu'ils choisirent.
Alors l'Éternel dit: Mon esprit ne restera pas à toujours dans l'homme, car l'homme n'est que chair, et ses jours seront de cent vingt ans.
Les géants étaient sur la terre en ces temps-là, après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu'elles leur eurent donné des enfants: ce sont ces héros qui furent fameux dans l'antiquité.
L'Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur coeur se portaient chaque jour uniquement vers le mal.
L'Éternel se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre, et il fut affligé en son coeur.
Et l'Éternel dit: J'exterminerai de la face de la terre l'homme que j'ai créé, depuis l'homme jusqu'au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel; car je me repens de les avoir faits.
Mais Noé trouva grâce aux yeux de l'Éternel.

Extrait de la bible Second - info-bible.org


Il n’est pas si fréquent de lire en chaire une généalogie de l’Ancien Testament. Toutefois,  nous savons tous qu’une généalogie dans la bible n’est pas seulement une enfilade de noms pour nous aider à compter les années qui passent. Une généalogie biblique énonce une théologie, une manière de présenter Dieu, de décrypter son agir dans notre monde. Nous l’avions vu l’an dernier grâce aux trois conférences que le professeur Elian Cuvilier a donné lors du temps fort de Noël.  Aussi dans un premier temps nous tenterons de décrypter quelques éléments de cette généalogie afin d’en déceler deux ou trois  enseignements pour aujourd’hui. Par la suite, nous verrons qu’à travers un texte aussi obscur que le début du chapitre 6  (qui nous narre des fils de Dieu qui s’accouplent avec des jeunes filles humaines) nous pourrons là aussi discerner un enseignement intéressant pour aujourd’hui.

I Une généalogie pleine de surprises !

Les premiers versets de ce chapitre 5 nous disent : « voici le livre de la généalogie d’Adam. Le jour où Dieu créa les humains, il les fit à la ressemblance de Dieu. Homme et femme, il les créa, il les bénit et les appela du nom d’humain (Adam) le jour où ils furent crées. Adam vécut cent trente ans, puis il engendra un fils à sa ressemblance, selon son image et il l’appela du nom de Seth »

A Les intentions de Dieu !

Le début de ce chapitre 5  nous rappelle donc deux belles intentions de Dieu.
La première est  celle d’avoir une humanité en vis-à-vis. Une humanité qui soit le reflet de son être profond. Une humanité prête à vivre une véritable communion avec Lui. Une humanité qui a comme vocation première de bien gérer la terre.  La seconde intention de Dieu à notre égard signalée par le rédacteur de ce récit est que Dieu nous bénit.  Ce rappel de la bénédiction de Dieu nous permet d’entendre l’Amour de Dieu, la bienveillance de Dieu à notre égard. Bénir,  c’est dire et faire du bien à quelqu’un. Notre Dieu est animé par ce désir là pour chacun de nous. C’est capital de nous souvenir de cela pour la bonne compréhension de la suite de ce récit. Car  souvent nous oublions que Dieu est bénédiction avant toute chose. Et à force de l’oublier nous prêtons à Dieu des intentions qu’il n’a pas.

B Les fausses projections des humains sur Dieu.

Par exemple, nous projetons sur Lui bien souvent notre mal être, l’injustice que nous subissons ou que nous constatons sur terre, le manque d’amour que nous vivons… Et nous croyons que Dieu est plus ou moins à l’initiative de ce mal perçu et reçu, ou tout au moins qu’il laisse faire et que s’il laisse faire, c’est qu’il est d’accord.  Il me semble que nous devons être très vigilants sur les projections, les interprétations, les images que nous avons sur Dieu car si elles sont fausses ( et celles que je viens de vous énoncer à l’instant, le sont) elles deviennent, à la longue, un blocage dans notre vie spirituelle qui entraine nécessairement d’autres blocages dans notre vie relationnelle avec Dieu et avec notre prochain. Et la meilleure façon  de briser, de déchirer toutes ces fausses images que nous avons sur Dieu c’est de revenir au texte biblique et de l’interroger. Réécoutons-le :

C Une nouvelle histoire commence !

« Le jour où Dieu créa les humains, il les fit à la ressemblance de Dieu. Homme et femme, il les créa, il les bénit et les appela du nom d’humain (Adam) le jour où ils furent créés »
Le rédacteur nous décrit donc une humanité qui s’exprime par cette différence homme et femme, littéralement mâle et femelle… C'est-à-dire que le rédacteur insiste sur ce côté animal de notre humanité, nous rappelle le théologien André Wénin. Et en insistant sur ce côté animal, il nous rappelle, par la même occasion, que grâce à cette différenciation un individu peut se construire, s’enrichir face à cet autre à la fois semblable et différent de lui.
« Adam vécut cent trente ans, puis il engendra un fils à sa ressemblance, selon son image et il l’appela du nom de Seth »
 Il y a ici une nouveauté dans ce récit du chapitre 5 : Eve n’a plus le premier rôle, Adam revient au premier plan et c’est lui qui engendre et nomme son fils Seth. Alors qu’à la fin du chapitre précédent il est dit: « Eve mit au monde un fils et l’appela du nom de Seth (Attribué) car dit-elle : Dieu m’a attribué une autre descendance à la place d’Abel que Caïn à tué»
Le choix du rédacteur du chapitre 5 de ne plus nommer Eve dans la généalogie nous indique clairement que nous entrons ici dans une autre histoire. Une histoire qui va nous révéler petit à petit un autre projet de Dieu.

1 Engendrer ?

« Adam vécut cent trente ans, puis il engendra un fils à sa ressemblance, selon son image et il l’appela du nom de Seth » Le rédacteur utilise le verbe « engendrer ». Il est à noter que ce verbe sera repris dans les généalogies du nouveau testament. L’Apôtre Paul, pour sa part, lui donnera une dimension plus spirituelle. En effet,  dans la première lettre qu’il adresse à l’Eglise de Corinthe il leur dit : « moi qui, aujourd’hui, par l’Evangile, je vous ai engendré »… L’Apôtre Paul nous indique que la bonne nouvelle de Jésus Christ engendre une nouvelle humanité. La parole de Dieu lorsqu’elle est droitement annoncée puis  reçue avec foi  fait germer en chaque individu une nouvelle posture, une nouvelle manière de se comprendre et de comprendre les autres, le monde. Cette Parole, cette bonne nouvelle met en place une juste relation entre Dieu et l’humain. Elle fait naître et grandir en chacun de nous une juste image de Dieu et de l’humain nous enseigne l’Apôtre Paul.
Adam donc engendre un fils à  sa ressemblance selon son image. Il lui transmet donc quelque chose d’important, peut être une image et une ressemblance de Dieu plus conforme à la réalité ? Ce qui est sûr c’est que l’image de l’humain va se répercuter entre les humains… Le passage d’une génération à l’autre n’entraine donc aucun déficit d’humanité souligne le théologien André Wenin. Ce qui sous entend que la bénédiction de Dieu sur notre humanité est sans faille, elle est pleine et entière, et chaque génération est bénéficiaire de cette bénédiction…
En dernière analyse nous dirions, à la suite d’André Wénin que cette généalogie nous permet de prendre conscience qu’au sein de l’humanité tout est complexe en réalité, et que nul ne peut se revendiquer de son ascendance, aussi belle soit elle, pour faire valoir un droit quelconque. Par exemple, à  une certaine  époque, en France être de sang royal était une manière d’assoir son pouvoir sur des consciences comme le croyaient ou le faisait croire l’aristocratie d’alors. Dans toute lignée, il y a des personnes étonnantes et d’autres insupportables. En chacun, il y a du Caïn et du Seth, chacun hérite de Lemek la brute, d’Enoch le fidèle et de Caïn le bâtisseur…Je me souviens d’une personne qui s’était lancée avec une grande curiosité dans la découverte de ses ancêtres et elle avait donc construit  un arbre généalogique… Quelle n’a pas été sa surprise d’apprendre un jour, qu’un de ses ancêtres avait comme métier celui de décapiter les condamnés à mort…

2 Marcher avec Dieu !

ermiteIl y a encore quelques  bizarreries à découvrir dans cette généalogie… En particulier, l’âge des personnages avec Mathusalem  qui est le plus célèbre dans notre culture occidentale. Il y a toutefois un personnage singulier c’est : Hénoch qui semble échapper, lui, à la mort…Nous allons essayer de discerner le sens à ces deux  bizarreries… Ces âges canoniques et le parcours d’Enoch.
Le verset 24 du chapitre 5 nous dit donc : « qu’Hénoch  marcha avec Dieu ; puis il disparut parce que Dieu le prit »…Hénoch vit en tout 365 ans. Une longévité très courte comparée aux autres et notamment à Mathusalem. Hénoch, littéralement « alla et vint avec Dieu ». Hénoch serait-il le premier à accorder son pas avec celui de Dieu, pour que celui-ci le prenne sans lui laisser connaître la mort ? Le théologien André Wénin remarque que le nom de Noé rappelle celui d’Hénoch dont il inverse les syllabes. Par ailleurs, il est dit de Noé, plus loin, « qu’il va et vient », lui aussi, « avec Dieu en restant juste et intègre. » Or nous savons tous  aussi que Noé et sa famille échapperont au fameux déluge par la suite et ils traverseront la mort qui règnera partout. Le rédacteur semble nous dire que ceux qui empruntent le chemin de Dieu ne connaissent pas la mort comme Hénoch, ou passent à travers elle comme Noë, ou encore sont les témoins de la vie victorieuse sur la mort comme nous tous qui confessons Jésus Seigneur… En ce qui concerne l’incroyable longévité de tous ces personnages qui remplissent cette généalogie  nous devons nous arrêter quelque peu sur le début de ce chapitre 6.


II Une nouvelle catastrophe !

A une nouvelle transgression

Le début du chapitre 6 nous plonge dans un récit mythologique qui n’a rien à envier à  la mythologie grecque avec ses demi-dieux et ses super héros. Cela tombe bien il y a actuellement encore au cinéma les aventures du Dieu Thor….
Pour comprendre l’enseignement spirituel de ce récit un peu extravaguant nous devons nous appuyer sur le premier chapitre de la Genèse que tout le monde connait. Le Dieu biblique dans le livre de la Genèse aux chapitres 1 et 2 est décrit comme celui qui organise la création, l’espace. Il sépare le ciel et la terre, le jour de la nuit, il sépare la mer et la terre,  il crée l’humain mâle et femelle. Bref, Dieu organise l’espace de la création de telle manière que la vie puisse se  déployer, afin que l’Amour rayonne dans les êtres. Ce qu’il faut donc retenir en premier lieu aujourd’hui de ces deux récits, c’est cette idée de séparation. C’est parce qu’il y a séparation que la vie peut se déployer.
Le début du chapitre 6 du livre de la genèse nous décrit donc une nouvelle catastrophe, une nouvelle effraction, un chamboulement, une autre transgression qui va entrainer  toutes sortes de confusions. Des fils de Dieu, (des êtres célestes ?) copulent avec les filles des humains… Bref, on a le sentiment que deux mondes qui ne devraient surtout pas se rencontrer, communient. Leurs séparations permettaient à ce que la vie se déploie. La transgression de cette séparation génère une nouvelle confusion qui vient accentuer cette désorganisation qui règne déjà dans la création de Dieu… Le rédacteur de ce récit nous décrit donc un Dieu qui tente de réduire la dangerosité de cette nouvelle transgression en réduisant la longévité de l’humanité. « Alors le Seigneur dit : mon souffle ne restera pas toujours dans l’être humain, car celui-ci n’est que chair ; ces jours seront de 120 ans.. » Ce qui est en jeu ici dans ce récit  c’est donc la pérennité de cette création et nous verrons la prochaine fois que celle-ci sera vraiment remise en question par Dieu lui-même suite à ces multiples déflagrations que les six premiers chapitres de la Genèse décrivent.…En effet, avec ce récit de Genèse 6 nous sommes toujours ici dans les conséquences dramatiques d’une rupture de relation entre Dieu et l’humain que le chapitre 3 de la Genèse nous a décrit. Cette rupture de la relation a entrainé l’humanité loin de la présence de Dieu, elle a généré un disfonctionnement de la relation entre Dieu et les êtres humains, entre les êtres humains eux mêmes, une violence destructrice entre les humains avec Caïn et Lemek, et pour finir la transgression d’un monde dit invisible qui se mélange avec un monde dit visible, notre création. Bref ! Tout fout le camp !

2 L’accompagnement de Dieu

Si nous reprenons les chapitres 3 à 6  de la Genèse en concentrant notre regard essentiellement sur les interventions de Dieu, nous découvrons un Dieu qui questionne Adam et Eve dans le jardin d’Eden pour comprendre leurs motivations. Nous sommes intrigués par ce Dieu qui s’approche, dans un premier temps de Caïn avant qu’il commette le meurtre sur Abel pour l’en dissuader et, dans un second temps, nous sommes surpris de voir ce même Dieu s’approcher de Caïn après le meurtre qu’il a commis sur Abel pour mettre un signe de protection sur Caïn. Et aujourd’hui nous découvrons un Dieu, dans un profond désarroi,  qui décide de réduire le temps de vie  que l’homme doit passer sur cette terre afin de mettre une limite aux conséquences désastreuses de ces multiples  transgressions qui ne cessent de se développer  sur terre.

pasIl est temps pour nous de conclure.  Retenons ce matin simplement ceci : notre Dieu désire réellement marcher avec nous pour cheminer dans ce monde. Il désire cette marche à nos côtés. Et son désir est tellement fort qu’il nous a déjà offert sa présence, son Esprit Saint pour que nous puissions déjà ici bas vivre une belle communion avec Lui.  Cette communion avec Lui n’a de sens que si elle est tournée vers nos frères les Humains.

Amen