« Le royaume des cieux ressemble à un trésor caché dans un champ. L'homme qui l'a trouvé le cache et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il possède et achète ce champ. Le royaume des cieux ressemble encore à un marchand qui cherche de belles perles.  Lorsqu'il a trouvé une perle de grande valeur, il est allé vendre tout ce qu'il possédait et l'a achetée. Le royaume des cieux ressemble encore à un filet jeté dans la mer et qui ramène des poissons de toutes sortes. Quand il est rempli, les pêcheurs le tirent sur le rivage et s'asseyent; puis ils mettent dans des paniers ce qui est bon et jettent ce qui est mauvais. Il en ira de même à la fin du monde: les anges viendront séparer les méchants d'avec les justes et les jetteront dans la fournaise de feu, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.»
[Jésus leur dit:] « Avez-vous compris tout cela ? » « Oui, [Seigneur] », répondirent-ils. Et il leur dit: « C'est pourquoi, tout spécialiste de la loi instruit de ce qui concerne le royaume des cieux ressemble à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. » Lorsque Jésus eut fini de dire ces paraboles, il partit de là. »

Matthieu 13,44-53 (extrait du Segond 21)

L-histoire-incroyable-du-presume-Caravage-decouvert-a-ToulouseSavez-vous ce qui a été découvert en avril 2014 dans le grenier d’une maison près de Toulouse ? À cause d'une fuite d'eau, une personne  a dû aller dans une soupente, un endroit  de sa maison où elle n'était encore  jamais allée et là elle tombe sur ....

Un tableau  qui serait selon toute vraisemblance du peintre Le Caravage (1571-1610). Ce tableau a été interdit de sortie du territoire par le ministère de la culture, car sa valeur a été estimée par un cabinet d’expertise à 120 millions d’euros.

Oublié probablement pendant plus de cent cinquante ans, le tableau est dans un état de conservation exceptionnel.

Cette histoire authentique entre en résonance profonde avec le sens de la parabole que nous venons d’entendre.  Il y a dans le champ  ou dans le grenier de nos vies un trésor  oublié, caché et qui dort.  

La question n’est pas : est-il possible qu’il y ait éventuellement un trésor dans le champ de notre vie ? ou Comment faire pour qu’il ait enfin un trésor dans notre champ ?   Non, le point de départ est : il y a un trésor dans le champ de notre vie. Ce n’est pas une éventualité, ce n’est pas une question ou un défi. Non, c’est un fait. Donc la question  qui s’impose à nous est : que sommes-nous prêt à changer pour mettre en valeur ce trésor ?

Dans la parabole, l’homme vend tout ce qu’il a pour acheter le champ et désensabler le trésor. Et nous que sommes-nous prêts à faire ?

Je crois que cette question est de la première importance pour nous qui  aujourd’hui portons au sein de notre société le nom de chrétien.

grenierQue sommes-nous prêts à changer pour mettre en valeur ce trésor qui dort dans notre grenier ?

Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les mites et la rouille détruisent et où les voleurs percent les murs pour voler, mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où les mites et la rouille ne détruisent pas et où les voleurs ne peuvent pas percer les murs ni voler!  En effet, là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur.

Matthieu 6, 19-21 (extrait du Segond 21)

Savez-vous que l’église protestante unie de Montpellier, notre église,  accueille tous les 15 jours une église chinoise ? En effet, les facultés de Montpellier ont des partenariats avec des universités chinoises.  Chaque mois de septembre, des dizaines d’étudiants venant  par exemple de Canton s’installent  ici pour plusieurs années afin de faire leur master ou doctorat. C’est ainsi que cette église touche beaucoup d’étudiants. La plupart découvrent la foi chrétienne ;  certains ont même vécu leur baptême dans la piscine d’un paroissien de notre secteur.  Discutez avec eux et vous les entendrez vous dire combien l’évangile est un trésor, combien  la vie communautaire se vivant à partir de l’évangile est un trésor.

Autre exemple, hier au temple de Cournonterral a eu lieu un mariage de personnes qui n’étaient pas du tout issues de familles protestantes et qui sont arrivé jusqu’à nous  de manière tout à fait improbable. Au cours des échanges, il est  tout à fait intéressant de les entendre dire combien les convictions vécues au sein de l’église valent de l’or, sont  essentielles pour eux. Ces rencontres nous rappellent que nous, chrétiens,  avons entre nos mains un trésor. Mais souvent  le dimanche matin il sommeille au fond d'un vieux temple un peu poussiéreux. La porte a beau rester grande ouverte, seuls les habitués osent la franchir.

Du coup, je m’interroge.  

Avec les habitués, je me demande : Que sommes-nous prêts  à changer pour mettre en valeur ce trésor ? Aujourd'hui, nous héritons d'une forme de vivre l'église qui était juste et adaptée aux besoins de nos anciens, mais l’est-elle encore aujourd’hui ? Au nom du trésor qui dort dans notre grenier, soyons prêts à nous délester de certaines habitudes pour que l’aventure commencée par les anciens  passe d’une génération à l’autre ?

Certains me diront peut-être que de faire comme dans la parabole, tout vendre pour acheter le champ où se trouve le trésor n’est pas  chose  évidente et facile.  C’est vrai !  Il faut parfois du temps avant d’identifier quel est le trésor pour lequel nous serions prêt à tout vendre. Cependant une fois que nous avons identifié ce trésor, je crois qu’il faut oser nous lancer. Sinon, à cause de notre indécision, jamais nous n’atteindrons le trésor.

Mais ce n’est  pas seulement avec les habitués que je m’interroge ainsi. Avec les  curieux restant sur le seuil, je me demande également : Que sommes-nous prêts  à changer pour mettre en valeur ce trésor ? Et là,  grâce à leur remarque et leur question, souvent nous touchons du doigt un besoin fondamental qui nous traverse tous.

Jésus lui dit : « C’est moi qui suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s'il meurt; et toute personne qui vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »

Jean 11, 25-26 (extrait du Segond 21)

Le trésor de l’Évangile 2016-07-30 19:09:41 booset-predications-archives

Quand la vie file à toute vitesse, quand les journées, les semaines passent, n’éprouvons-nous pas le besoin de nous poser ?  Et là quand les eaux intérieurs  agitées redeviennent calmes et  limpides, ne nous est-il pas arrivé de nous demander : au final parmi tout ce que j’ai fait, que reste-t-il ? Où est l’essentiel ? 

Quand  nous réalisons que déjà nous sommes à la fin du mois de juin 2016 et que déjà une nouvelle année scolaire est terminée, nous pouvons éprouver le besoin d’identifier où se trouve ce qui donne de la densité à notre vie ?  Où est  le trésor ? C’est vrai que parfois, face à  la vie qui file,  nous éprouvons le besoin d’amasser pour la retenir, d’amasser pour prévenir l’avenir, car on ne sait jamais ce qui peut nous arriver.

Or dans le passage biblique que nous avons entendu tout à l’heure, Jésus invite à une autre démarche. Ne vous épuisez pas à amasser, car tout ce que vous aurez amassé vous devrez un jour ou l’autre vous en séparer. Mais prenez plutôt le temps de réfléchir où est votre trésor ? Quand il parle de trésor dans le ciel, Jésus utilise une image pour décrire un trésor complètement immatériel, qui ne se palpe pas. Ce faisant, Jésus brasse-t-il de l’air ? Nous  pourrions le penser…

Nous pourrions le penser jusqu’au moment où lorsque nous sommes enveloppés de calme, nous nous demandons  ce qui a du poids parmi tout ce que nous avons fait. Ce qui reste quand toute l’agitation retombe,  n’est-ce pas la brise douce et légère d’une amitié ? N’est-ce pas le sourire franc et  bienveillant ? N’est-ce pas le geste fidèle et  concret de solidarité ? Par rapport aux trésors faits de pièces sonnantes et trébuchantes, que valent cette brise, ce sourire, ce geste ? Peut-on les palper ? Non, et pourtant n’est-ce pas eux qui ouvrent le ciel parfois sombre de nos vies sur un infini ?

Ainsi en nous  invitant  à ne pas amasser, Jésus nous recentre sur un besoin essentiel : ce qui donnera du poids et de la densité à nos vies, c’est de pouvoir  vivre lors de notre passage sur terre  des relations qui sont de véritables trésors, des relations chargées d’amitié, gorgées de bienveillance, lestées de solidarité. Ainsi que sommes-nous prêts  à changer dans nos habitudes pour désensabler au cœur des multiples sollicitations de l’existence et de nos plannings surchargés un tel  trésor relationnel ?  Par cette parabole, Jésus e nous invite-t-il pas à oser lâcher nos organisations bien huilées pour prendre le temps de vivre et cultiver des choses complètement immatérielles : des relations qui valent de l’or.

Après ce que je viens de dire, vous comprendrez pourquoi jour après jour, dimanche après dimanche, les chrétiens prennent le temps de cultiver un lien particulier avec le vieux récit  de la vie, la mort et la résurrection de Jésus. Car pour eux, ce récit est un trésor les réorientant vers l’essentiel. Après 2000 ans de christianisme, nous avons tous des idées sur ce qu’est l’évangile.  Parler ici de trésor est peut-être aller vite en besogne, tant les années ont passé et les mots ont été usés par les conventions rituelles dans lesquels nous les avons enfermés.

Moi, tout enthousiaste, je vous parle de l’évangile en affirmant qu’il y a un trésor caché dedans, mais vous peut-être, vous n’associez l’évangile qu’à des leçons de morale, des concepts inutiles et abstraits comme peut l’être par exemple celui de résurrection.

Cependant, si dimanche après dimanche, nous lisons ce vieux récit, ce n’est pas pour donner des leçons de morales aux gens, ni pour phosphorer autour de concepts fumeux.  Mais c’est plutôt pour apprendre un vocabulaire capable de sonder tout ce que nous expérimentons afin d’en extraire les pépites. Par exemple dans ce vocabulaire, il y a le mot résurrection.  Qu’est-ce que c’est que la résurrection ? En contemplant la vie, la mort et la résurrection de Jésus, je dirai que c’est ce qui permet de contempler la mort et l’échec sans en avoir peur. Non pas que l’échec et la mort aient disparu, mais que désormais, ils ne sont plus considérés comme étant la fin de tout.

Ainsi plus Jésus m’apprendra  le vocabulaire de la résurrection, plus  grâce à lui, ma peur de l’échec, de la mort va muer.  Souvent à cause de notre peur d’échouer, nous sommes tétanisés, les forces s’annulent et nous restons immobilisés. En nous apprenant le vocabulaire de la résurrection, Jésus nous dit que quelque soit nos échecs et nos dépouillements, rien ne peut menacer notre avenir ; un avenir qui ne correspondra pas à ce que nous  pensions ou imaginions,  mais qui sera, grâce à Dieu,  un avenir. Alors en attendant, confiance et osons traverser nos échecs et nos peurs en faisant un pas.

tresor cache2016À la lumière de ce mot, il est bon de repenser à  tous les différents projets que nous avons vécu durant l’année écoulée.  Pour notre secteur, Mer et Vignes, ce fut le Voyage au pays de la foi, la création d’un clip, des matinées Déclic avec nos amis catholiques autour du thème sauvegarde de la Création ou de la transmission, une ballade dans la Garrigue, une réflexion sur l’avenir du temple de Pignan ; pour notre église, ce fut la tenue tous les dimanches matin de Babel café, l’organisation d’un diner de Gala pour soutenir le futur Carrousel, la fête des 30 ans de la Margelle.

Souvent en amont de la réalisation de ces projets, nous avons été exposés à des tensions,  des divergences de vues, du stress ou de vibrantes angoisses. Mais vivre  ces différents projets a été l’occasion de ne pas rester immobilisé dans nos peurs, mais de traverser le miroir et d’expérimenter ce qu’est la résurrection.

Qu’avec l’été puisse chacun grâce au vocabulaire de l’évangile extraire les pépites de son vécu durant l’année écoulée ; et ensuite, une fois qu’il aura identifié où se trouve le trésor, que chacun puisse faire comme dans la parabole : tout vendre pour mettre en valeur ce trésor.

Amen

Luc-Olivier Bosset, le 26 juin 2016, Cournonterral