La Margelle a soufflé ses 30 bougies pendant le weekend du 3-5 juin 2016. Lisez ici le discours du président de l'Association Cultuelle de L’Église Protestante Unie de Montpellier & Agglomération, prononcé le 4 juin à la Margelle.

margelle86-16Ici est donc née, il y a 30 ans la Margelle.

Pour évoquer cet évènement, on pourrait commencer par  " il était une fois ", mais cela ferait conte de fées et … nous ne croyons pas trop aux fées.

On pourrait user du ton de l'épopée : une poignée de courageux pionniers, je n'ose dire de missionnaires, s'aventurant sur des terres inconnues, mais cela ne siérait pas à la modestie de la Margelle et surtout ne correspondrait pas à la réalité.

L'histoire est plus belle et simple: un petit groupe de paroissiens de l'ERM et un pasteur de l'époque se sont mobilisés et ont porté le projet jusqu'à sa réalisation parce qu'ils étaient animés par la conviction que leur Eglise se devait d'être présente dans un des grands quartiers historiques de leur cité.
Et la Margelle est présente, ici.

Ici, vous le voyez, ce n'est pas sur une grand'place au cœur du quartier, mais en bordure d'un parking et d'une pinède : bitume et pomme de pin, voilà un contraste, une rencontre des différences comme on les aime à la Margelle -différences entres les groupes d'âge, les groupes sociaux, les groupes ethniques, les groupes religieux- ; nous sommes à une limite, en zone-frontière en quelque sorte : on aime bien les frontières à la Margelle, mais, rassurez-vous, pas du tout comme certains hommes ou femme politiques en France ou en Europe, non ! on les aime pour en faire un sujet de conférence - comme hier- et surtout … pour les franchir.

Vous voyez également que le bâtiment est beau mais que ce n'est pas un monument, un signe architectural grandiose, avec tours, porche, et colonne d'abord parce que le protestantisme montpelliérain dispose déjà du temple de la rue Maguelone - qui lui coute assez cher -, mais surtout parce que vivre l'Eglise à la Margelle c'est refuser tout triomphalisme, toute ostentation, toute position centrale ; même dans le paysage, à la Margelle on  ne s'impose pas, on propose.

culte margelleVous remarquez que nous ne sommes sur une grande artère commerçante, bien achalandée : ça tombe bien : nous n'avons rien à vendre : à la Margelle on donne et surtout on partage : le pain (que l'on fabrique même), la réflexion, la connaissance. Et puis attention, ce qui semble être une impasse est en réalité un de ces itinéraires discrets, un passage intime dont chaque quartier a le secret : on peut encore, ici, connaître la surprise de la rencontre, surtout si l'on découvre en passant un parasol, une table et des chaises et quelqu'un qui vous propose une tasse de thé ou de café et un petit brin de causette !

Un bâtiment certes mais où, me semble t'il, il y a plus de portes et de fenêtres que de murs et qui ne demande qu'à s'ouvrir ; ici les murs sont faits  pour faire tomber les murs, pour que femmes, hommes, jeunes et enfants se rencontrent, se parlent, s'écoutent, s'aident, s'expliquent, se comprennent, se réconfortent, se réjouissent. Car le dieu en qui nous croyons n'est pas un dieu qui se cantonne dans un endroit fermé, secret, sacré, mais, lui qui a choisi de s'incarner, il circule parmi nos sœurs et nos frères humains, il est un dieu de la rencontre, de la rencontre au cœur du monde qu'il a créé et où il nous appelle à vivre. On aime bien la rencontre à la Margelle

parasol margelleBien sûr c'est un lieu de culte, avec une salle de culte, que d'autres Eglises que la nôtre peuvent utiliser; mais qui peut en un tournemain se transformer en salle de réunion ou de conférence ouverte à toutes et tous, nos amis lecteurs de la Torah, du Coran, de la Bible… ou de la Déclaration des Droits de l'Homme; en effet, à la Margelle, il ne s'agit pas de pratiquer un entre-soi, certes chaleureux, mais de s'ouvrir et d'accueillir l'autre avec respect et attention.  Il s'agit, du reste, de retrouver le sens premier et complet du " culte " ; au moment de l'inauguration en 1986, le pasteur André Bost rappelait la définition du prophète Esaïe : détacher les jougs, partager le pain, héberger les sans-abri, couvrir qui a froid ; pour ne pas faire de redite, je me tournerai vers l'étymologie latine " cultus " : action de cultiver (un jardin partagé par exemple), de soigner (prendre soin des bébés entre autres), de pratiquer quelque chose (une religion, un art), état de civilisation, de culture. Voici le culte, les cultes de la Margelle.

La Margelle a 30 ans ; c'est l'âge auquel le Christ a commencé son ministère, c'est l'âge où l'olivier parvient au sommet de sa productivité : attendez-vous avec la Margelle, à de belles récoltes !

Christian Seiler