Dans le Christ, Dieu réalise son projet de salut Louange à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ! En effet, il nous a bénis dans le Christ en nous communiquant les dons de son Esprit qui viennent du ciel. Avant la création du monde, Dieu nous a choisis dans le Christ  pour que nous soyons saints et sans défaut devant ses yeux.  Dieu nous aime 5et, depuis toujours, il a voulu que nous devenions ses fils par Jésus-Christ. Il a voulu cela dans sa bonté. Alors chantons la gloire de Dieu pour la grandeur de ses bienf naits ! Il nous les donne généreusement par son Fils très aimé. Dans le Christ, par son sang, nous sommes libérés du mal, et nos péchés sont pardonnés, tellement la bonté de Dieu est grande ! Oui, Dieu nous a couverts de ses bienfaits. Il nous a donné toute la sagesse et l'intelligence. Il nous a fait connaître son mystère, c'est-à-dire ce que, dans sa bonté, il voulait faire dans le Christ depuis toujours. Ce projet, Dieu voulait le réaliser au temps choisi par lui : rassembler (récapituler)  tout  dans le Christ, ce qui est dans les cieux comme ce qui est sur la terre.


lob280822 1Éphésiens 1,3-10 
 

1. Après un été de tous les records au niveau canicule, sécheresse et incendie, je vous propose de méditer le verset 10 du premier chapitre de la lettre aux Éphésiens : 

Ce projet, Dieu voulait le réaliser au temps choisi par lui : rassembler (récapituler) tout dans le Christ, ce qui est dans les cieux comme ce qui est sur la terre.

Pourquoi méditer un tel verset aujourd’hui ?  Parce que par rapport à ce que nous vivons, il nous permet de cultiver une espérance. Cet été, le niveau de certains fleuves a tellement baissé que sont réapparues au bord de l’Elbe en Allemagne et en Tchéquie, ce qu’on appelle les pierres de la faim. Qu’est-ce qu’une pierre de la faim ?

C’est une grosse pierre gravée située dans le lit d'un cours d'eau, qui n'est visible que lorsque le niveau de l'eau est très faible. Sur ces pierres ceux qui nous ont précédé ont gravé des dates rappelant des années de grande sécheresse  1417, 1616, 1707, 1746, 1790, 1800, 1811, 1830, 1842, 1868, 1892 et 1893, 2018 ». Parfois à côté de ces dates, on peut lire des inscriptions :  « si tu me vois, pleure ! » ou bien : « Quand cette pierre est immergée, la vie redevient colorée ». ou bien : «  Si vous me voyez, c’est une crise climatique, août 2018 ».

Donc, quand nous apprenons que ces pierres sont à nouveau visibles, nous pouvons nous sentir perplexes et inquiets. Voilà un signal supplémentaire nous rappelant les changements profonds que nous traversons ! Face à cette réalité, quelle peut être notre espérance ? 

2. Oui face à cette réalité, quelle peut être notre espérance ? Quand je parle ici d’espérance, je ne parle pas d’un optimisme béat qui ressemblerait trop à un mécanisme de défense. L’optimisme béa préfère garder une vision du monde idéaliste plutôt que d’être questionné et dérangé par la réalité crue.

Quand je parle ici d’espérance, je parle de cette capacité à regarder les choses en face, à mobiliser toute notre attention pour comprendre ce qui se passe et en même temps, cette  capacité en regardant les choses en face de lever les yeux, d’élargir notre esprit, afin de situer chaque chose qui nous arrive sous un horizon vaste et ample ; un horizon qui nous permet d’évaluer ce qui nous arrive à sa juste dimension, sans le déprécier ni le banaliser, mais également sans l’absolutiser ni le dramatiser à l’extrême.   

3. Donc, face à notre réalité climatique actuelle, quelle espérance nous propose ce verset  de la lettre aux Éphésiens : 

Ce projet, Dieu voulait le réaliser au temps choisi par lui : rassembler (récapituler) tout dans le Christ, ce qui est dans les cieux comme ce qui est sur la terre.

Quelle est l’espérance contenue dans cette vision « rassembler tout dans le Christ » ? Voilà ce que j’aimerai méditer avec vous ce matin. 

lob280822 24. Pour saisir le souffle d’espérance qui vient de cette vision, il nous faut commencer par essayer de comprendre ce que peut signifier pour l’auteur de la lettre aux Éphésiens « rassembler tout dans le Christ ». 

Ici le mot « Christ » ne renvoie pas seulement à  l’homme Jésus de Nazareth. Mais il renvoie à l’intelligence organisatrice, pacificatrice, réconciliatrice que Jésus de Nazareth a pleinement incarnée sa vie durant. Plus je médite l’évangile, plus je suis frappé par le fait que dans le sillage de cet homme de chair et de sang des vies disloquées, brisées et éparpillées en mille morceaux retrouvent une cohésion, une consistance. 

La société de l’époque était traversée par des tensions et des rivalités internes telles que cette société menaçait d’imploser, eh bien au sein d’une telle société où les haines et les jalousies étaient tenaces émerge dans le sillage de l’homme de Nazareth une toute petite communauté à l’intérieure de laquelle les gens des différents clans rivaux dépassent leur appartenance rivale pour communier ensemble, pour partager le pain et le vin. 

Dans le sillage de l’homme de Nazareth une intelligence réconciliatrice, organisatrice émerge qui loin d’exacerber les tensions et pousser à la guerre civile trouve le moyen de relier, de rassembler, de réunir. Dans le sillage de l’homme de Nazareth émerge une intelligence qui apaise et met du liant. 

Et plus le temps passe, plus l’auteur de la lettre aux Éphésiens réalise que cette intelligence réconciliatrice n’est pas un feu de paille. En chimie, aujourd’hui, on dirait qu’elle est auto-catalysatrice, c’est à dire que cette intelligence engage une réaction qui ne cesse de se renforcer d’elle-même. 

Et c’est ainsi que dans le sillage d’un simple prédicateur itinérant, agissant dans une banlieue éloignée du centre de l’Empire, se développe des petites communautés apaisées et réconciliées dans une, puis deux, puis trois, puis 10, puis 50 villes de l’empire. Dans le sillage de l’homme de Nazareth, une dynamique auto-catalytique de paix et de réconciliation se développe. 

Quand l’auteur de la lettre aux Éphésiens parle de « Christ » plutôt que de Jésus de Nazareth, je crois qu’il pointe cette intelligence qui apaise et met du liant et qui développe dans son sillage une dynamique de vie. Je crois qu’il pointe l’intelligence de la grâce. C’est pourquoi l’auteur de la lettre aux Éphésiens est rempli d’espérance quand il contemple le Christ, quand il contemple cette intelligence de la grâce. 

Quand il parle de tout rassembler dans le Christ, je crois que cela signifie pour lui  : Dieu oeuvre dans le quotidien afin que chaque situations, chaque tension, chaque déséquilibre, bref tout ce qui existe sur terre… Dieu oeuvre pour que tout ce qui existe sur terre puisse être accueilli et repris par cette intelligence organisatrice. Car cette intelligence manifeste une aptitude remarquable à dénouer ce qui formait un noeud gordien pour ensuite trouver le moyen de mettre du lien et d’offrir à chaque élément sa juste place. 

5. L’auteur de la lettre aux Éphésiens se décrit comme étant prisonnier, ayant subi la discrimination et le harcèlement qu’à l’époque on réservait à celui qui était divergent; qu’on réservait à celui qui, étant dans un clan, s’en était libéré pour oser rencontrer et vivre avec des gens d’autres clans. 

Donc l’auteur de la lettre aux Éphésiens aurait toutes les raisons d’être acerbe et désabusé. Il vit dans sa chair les conséquences des dérèglements sociaux de son temps. Il vit dans sa chair la pression de forces extérieures à lui qui cherchent à l’étouffer.  Il vit dans sa chair la sensation douloureuse d’être pris comme dans un étau par des forces puissantes et angoissantes difficiles à maitriser. 

Or au lieu d’être désabusé, cet auteur témoigne de son espérance. Car depuis le passage de l’homme de Nazareth, il a compris. Dans son quotidien traversé par des dérèglements profonds, il y a aussi une intelligence de la grâce qui agit. Il a compris que cette intelligence incarnée par Jésus n’allait pas s’éteindre avec sa crucifixion. Car même dans cette crucifixion, dans cette situation tragique et compliquée, cette intelligence a réussi à faire advenir une lumière qui bonifie tous les acteurs du drame et ne laisse personne au bord de la route. 

Oui, notre auteur a compris que cette intelligence de la grâce était en fait  la dynamique même de Dieu, un Dieu qui depuis la création du monde oeuvre à tout relier afin que chaque élément se trouve à sa bonne place pour permettre que l’ensemble de la création s’épanouisse et accomplisse ce pour quoi elle a été créée.  C’est pourquoi, dans le sillage de ce Jésus de Nazareth, l’auteur de la lettre aux Éphésiens parle. Et en parlant du Christ qui rassemble et récapitule tout en lui, il parle de cette dynamique de vie qui continue d’agir dans son quotidien. 

Il est prisonnier, il est victime de la discrimination et du harcèlement, mais pour lui son quotidien ne se limite pas à cela. Dans son quotidien, il voit aussi à l’oeuvre une intelligence organisatrice qui ne rejette ni ne déprécie rien de ce qui existe sur cette terre, mais qui reprend tout pour le recycler, l’ajuster, le bonifier et ainsi permettre à chaque élément d’être pleinement à sa place dans cette création, de pleinement accomplir ce pour quoi il a été créé et ainsi enrichir le tout de cet apport et de permettre ainsi que l’ensemble ne se délite pas, mais s’épanouisse. 

Et parce que l’auteur de la lettre aux Éphésiens réalise que son quotidien est aussi travaillé par cette intelligence, et parce qu’il perçoit que la dynamique qu’elle enclenche est auto-catalytique, cet auteur, malgré son quotidien éprouvant et angoissant, garde l’espérance.  

6. Et parce qu’il garde l’espérance, le temps qu’il passe dans son cachot n’est pas un temps creux. Chaque nouveau matin apporte avec lui une occasion de tisser une alliance de plus en plus intime et profonde avec cette intelligence de la grâce, d’entrer dans sa logique comme on entre dans une grande rivière pour s’y baigner et se  laisser porter par son courant.  

Voilà ce que signifie pour lui l’espérance : accueillir chaque nouvelle journée comme une occasion de reprendre et approfondir une alliance avec cette intelligence organisatrice afin que, peu à peu, en étant porté par sa logique, nous ayons l’idée, l’envie, la détermination de poser des actes qui rassemblent, recyclent, ajustent et bonifient chaque élément du problème pour que l’ensemble ne se délite pas, mais s’épanouisse. 

lob280822 37. Que l’intelligence du Christ soit une intelligence de la grâce qui travaille à tout rassembler et relier pour permettre à l’ensemble de la Création d’accomplir ce pour quoi elle a été créée, cela peut nous donner à espérer en général.  

Cependant, en quoi cette vision peut nous donner à espérer aujourd’hui, en particulier lorsque les pierres de la faim émergent sur le lit de fleuves asséchés ? À la lumière de l’évangile, je répondrai ceci : 

Si l’intelligence de la grâce travaille l’ensemble de la création pour relier chaque élément et le porter vers son accomplissement, je crois que cette même intelligence divine souffre avec toutes les créatures lorsque celles-ci sont crucifiées par les tragédies. Oui, si cette intelligence travaille la création, cette intelligence souffre aussi avec elle. 

Cependant, si cette intelligence divine souffre avec la création, elle n’est pas écrasée et tétanisée par cette souffrance. Comme elle a réussi à déjouer la folie dramatique de la crucifixion afin que le Christ ne reste pas cloué éternellement dans son tombeau, de même cette intelligence s’offre à nous pour que nous ne soyons pas cloués sur place par notre inquiétude. 

Cette intelligence s’offre à nous chaque matin pour que nous fassions alliance avec elle. Dès lors faisons de chaque journée qui nous est donnée  une nouvelle occasion de cultiver cette espérance.

Amen

Luc-Olivier Bosset, le 28 août 2022 (Temple de la Rue de Maguelone, Montpellier)
Crédit images: AvdL (juillet/août 2022); 1. Lac de Montbel, 2. La Haye, 3. Lavelanet